par Philippe Testard-Vaillant 03.12.2019
Un an après la polémique sur leur livre « Sexe, race & colonies », des chercheurs publient un nouvel ouvrage sur la domination sexuelle dans les empires coloniaux. Explications avec deux de ses codirecteurs, l'historienne Christelle Taraud et l'anthropologue Gilles Boëtsch, à l'occasion du colloque « Images, colonisation, domination sur les corps » qui se tient aujourd'hui au Cnam en lien avec le nouvel opus.
Vous venez de publier aux éditions du CNRS Sexualités, identités & corps colonisés, codirigé avec huit autres chercheurs. Quelle est l'ambition de cet ouvrage ?
Christelle Taraud1 : Le projet de ce livre, qui réunit 47 chercheuses et chercheurs de tous horizons (historiens, anthropologues, géographes, sociologues, politologues, philosophes, psychologues…), est de s’interroger sur la sexualité comme constituant majeur du pouvoir dans les empires coloniaux. Notre objectif est de rendre impossible le récit des différentes conquêtes coloniales (portugaise, espagnole, anglaise, française, allemande, néerlandaise, étatsunienne, ottomane, japonaise…) en passant sous silence la domination sexuelle qui les a accompagnées ou en réduisant celle-ci à une donnée anecdotique, comme cela a été longtemps le cas.
De fait, pour prendre le contrôle d’un territoire, la violence politique et militaire ne suffit pas. Il faut aussi s’approprier les corps, en particulier celui des femmes, la colonisation étant par définition une entreprise masculine. La meilleure manière de faire comprendre aux hommes que l’on a vaincus que l’on est maître chez eux, c’est de s’installer non seulement dans leurs maisons, mais aussi dans le sexe et le ventre de leurs femmes
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