A Kuala Lumpur, en septembre. Photo Mohd Rasfan. AFP
Le dernier rapport du «Lancet» apporte une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c'est que le changement climatique a un effet négatif sur la santé. La bonne, c'est qu'en prenant ces coûts en compte, la lutte contre le changement climatique pourrait être rentable.
Revoilà le Lancet Countdown (nos excuses à ceux qui ont cliqué sur ce lien). Comme chaque année le journal scientifique publie son rapport de suivi sur le changement climatique.
Pour cette édition, les chercheurs ont mis l’accent sur les impacts du changement climatique sur les enfants nés aujourd’hui. Ils vivront «dans un monde plus chaud de 4 degrés en moyenne d’ici leurs 71 ans, ce qui menacera leur santé à toutes les étapes de leur vie», écrivent les auteurs. Un rappel d’autant plus nécessaire que «beaucoup de personnes ne font pas le lien entre le changement climatique et les problèmes de santé», écrit le Lancet. L’objectif est en passe d’être atteint puisque les auteurs estiment que la couverture médiatique de cette édition du Lancet Countdown est trois fois plus importante que d’habitude.
Le changement climatique tue
L’impact du changement climatique sur la santé est multiple. Augmentation du nombre de morts et d’asthmatiques dus à la pollution de l’air, hausse des épidémies de diarrhées chez les plus jeunes, augmentation des incendies ou encore dangers des vagues de chaleur, le menu est fourni.
L’exemple de la dengue est édifiant. «Sous l’impulsion des changements climatiques, la dengue est la maladie virale transmise par les moustiques qui se propage le plus rapidement au monde. […] Neuf des dix années les plus propices en matière de transmission de la dengue ont eu lieu depuis l’an 2000, permettant aux moustiques d’envahir de nouveaux territoires en Europe», écrit le rapport. N’en jetez plus.
Pourtant, le constat ne s’arrête pas là. Dans certaines régions, d’autres menaces existent. «Dans les régions côtières, vous risquerez plus d’inondations et en Afrique subsaharienne, les problèmes liés à la malnutrition risquent d’augmenter», complète le coauteur Diarmid Campbell-Lendrum. Bon.
Salariés en mauvaise santé
Une bonne nouvelle ? Elle pourrait être économique. L’estimation financière de ces coûts de santé liés au changement climatique amène une réflexion intéressante. «D’un point de vue macroéconomique, il est rentable d’investir pour le climat. C’est un choix politique à faire», affirme Diarmid Campbell-Lendrum.
En effet, la plupart des mesures à prendre sont bonnes pour le climat et pour la santé, notent les auteurs. Aussi, économiquement, il apparaît rentable d’investir pour limiter le changement climatique. L’idée générale étant qu’une main-d’œuvre en bonne santé travaille plus et allège les coûts du système de santé.
Cobénéfice
Dans le détail, les chercheurs prennent un exemple simple : la pollution de l’air aux particules (PM 2,5). Une pollution dont les effets sont bien documentés. Celle-ci a plutôt diminué en Europe entre 2015 et 2016. Les chercheurs estiment que, si cette baisse se confirmait jusqu’en 2115, les économies de santé s’élèveraient à 5,2 milliards d’euros par an.
A quand l’action ?
Toujours d’un point de vue strictement économique, en 2018, dans le sud des Etats-Unis, la chaleur a fait perdre 15% à 20% des heures de travail de jour…
Alors pourquoi les gouvernements n’agissent-ils pas ? «Je pense que le problème du climat était perçu comme un problème environnemental de long terme. Avec ce rapport, nous rappelons qu’il est aussi un problème de santé à plus court terme. Quelle voie allons-nous choisir ?» interroge Diarmid Campbell-Lendrum.
Aujourd’hui, le rapport rappelle que le chemin emprunté nous mène vers un réchauffement climatique de +4°C. Il rejoint en cela les conclusions d’un autre rapport sur la production d’énergie fossile. The Lancet estime qu’en prenant en compte les coûts de santé, la lutte contre le changement climatique sera rentable. Mais, ceux qui perdront ne seront pas nécessairement les mêmes que ceux qui profiteront de l’effort. Un choix politique on vous dit.
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