Paris, le samedi 27 avril 2019 – Même si les multiples initiatives dans ce sens sont sans doute passées inaperçues et qu’elles sont probablement considérées comme insuffisantes, une véritable prise de conscience de l’impact écologique des activités de soins a émergé dans les établissements hospitaliers au cours de la dernière décennie. De nombreux hôpitaux ont ainsi déployés des plans ayant pour objectif la réduction des déchets et de la consommation énergétique. Concrètement, ces ambitions passent par une meilleure gestion du réseau électrique, un isolement amélioré des bâtiments, une attention aux déchets médicaux (quand cela ne contrevient pas aux impératifs de stérilisation) et non médicaux, etc. Cependant, cette volonté se heurte à des obstacles difficilement dépassables liés à la nature même des activités de soins : le recours incontournable aux médicaments conduit inévitablement à la pollution de l’eau (même si elle demeure probablement restreinte), les impératifs de stérilisation empêchent une gestion optimale des déchets, de nombreuses technologies sont très consommatrices d’énergie, etc.… Ce point limite n’est pas sans conduire à un paradoxe (théorique) : pour contribuer à l’amélioration de la santé, il est parfois nécessaire d’encourager des activités potentiellement délétères pour la santé de la planète et donc des hommes.
Renoncer à la liberté ?
Ce qui n’a longtemps été qu’un jeu de l’esprit, un paradoxe intellectuel amusant pourrait devenir l’objet de controverses concrètes. Certains estiment en effet que même dans le domaine de la santé, l’urgence écologique impose que l’on aille plus loin que la simple réduction des déchets et l’optimisation de la consommation énergique. On constate en effet aujourd’hui, face à ce qui est parfois ressenti comme une urgence, une certaine "radicalisation" du discours écologiste. Certains n’hésitent plus ainsi à considérer que des décisions autoritaires devraient être imposées concernant les déplacements, la consommation, voire pourquoi pas le nombre d’enfants ! « Les initiatives locales et la volonté citoyenne ne suffisent plus. Il est aujourd’hui vital que des décisions politiques drastiques – et contraignantes donc impopulaires – soient prises » écrivait par exemple dans une tribune publiée en août dans Diacritik, citée par Libération, l’astrophysicien Aurélie Barrau. « Depuis le 11 Septembre, les sociétés ont accepté un recul démocratique. Il n’est pas déraisonnable de s’interroger sur les régressions plus importantes qui pourraient résulter de la crise écologique, dont les conséquences sont bien plus graves que la menace terroriste » observe pour sa part le philosophe Michel Terestchenko, toujours dans Libération.
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