La ministre de la Santé Agnès Buzyn a présenté ce jeudi 25 avril la feuille de route pour accélérer le virage numérique une bonne fois pour toutes.
Le plan de bataille contient une stratégie avec 26 actions et un calendrier sur trois ans. L'objectif ? Du numérique à tous les étages et pour tous. Dans les locaux de l'ancien hôpital Boucicaut du 15e arrondissement de Paris, transformé en incubateur de start-up en santé, Agnès Buzyn a cadré les enjeux. « Le numérique vise un objectif clair et ambitieux, placer la France parmi les pays à la pointe de l'innovation en santé, explique-t-elle. Il ne s'agit pas de se lancer dans une course effrénée à l'innovation mais de profiter des opportunités qu'offre le numérique en santé pour organiser la transformation de notre système de soins. »
À la tête de ce chantier titanesque, Dominique Pon et Laura Létourneau, les copilotes de la délégation ministérielle du numérique en santé (DNS), tout juste créée avenue de Ségur. Florilège des mesures phares.
La CPS et la carte Vitale dématérialisées
La carte professionnelle de santé (CPS), une carte d'identité électronique mentionnant le nom, les qualifications professionnelles, la spécialité, le mode et le lieu d'exercice, sera dématérialisée. Elle sera étendue à tous les professionnels de santé afin d'améliorer l'authentification et l'identification de l'ensemble des acteurs de santé. Les premiers tests seront réalisés de juin à décembre pour un usage réel en 2020 et une montée en charge jusqu'en 2022.
La carte Vitale aussi empruntera ce chemin. L'application carte Vitale, baptisée « apCV », permettra aux patients d'accéder à leurs droits et de bénéficier de démarches en ligne (ex : déclaration du médecin traitant) depuis leur smartphone. Une expérimentation est prévue après l'été (le décret d'application doit être publié cet été) pour une généralisation en 2021.
Les outils de coordination, DMP et MSsanté à déployer
Lancé par l'Assurance-maladie en novembre 2018, le dossier médical partagé (DMP) continue de s'implanter chez les Français. Cinq millions de DMP « de plus en plus alimentés par les établissements de santé, les professionnels et les patients eux-mêmes » ont été ouverts selon les derniers chiffres de la CNAM. Toutefois, un travail sur l'ergonomie de l'application va être réalisé pour faciliter son usage par les praticiens dès cette année. Ainsi, un moteur de recherche permettra de trouver plus facilement une information. L'ajout d'un carnet de vaccination et de nouveaux services comme l'alimentation du DMP par des applis ou des objets connectés sera pour 2020.
Côté messagerie sécurisée de santé (MSSanté), le gouvernement veut une généralisation de son utilisation en 2019 à l'hôpital comme en ville et une extension au secteur médico-social fin 2021.
E-prescription
Mesure inscrite dans la loi de santé, la dématérialisation des ordonnances aussi appelée e-prescription se fera progressivement. Ce système sécurisera « le circuit de transmission de l'ordonnance » et favorisera « la coordination entre professionnels ». Dans le détail, les expérimentations d'e-prescription débuteront avec les médicaments en ville (2019) car elles correspondent à 50 % des ordonnances. Elles s'élargiront à la biologie et aux actes infirmiers (2020) puis aux actes de kiné (2021). La généralisation, elle, est prévue dès 2021.
Les nouveautés du numérique
Un bouquet de services numériques va être proposé aux praticiens. Son concept repose sur le même système que l'espace numérique de santé (ENS) chez le patient. Les établissements et praticiens disposent déjà d'outils pour la prise en charge du patient et pour les aider dans leur activité. Néanmoins, les services de ces marchés sont peu lisibles. Le bouquet de services numériques donnera accès à un certain nombre d'outils utiles « clés en main » pour la pratique quotidienne sans avoir le besoin de se réidentifier à chaque changement d'outil ou solution.
Un Lab e-santé va être créé en 2020 afin d'accompagner les sociétés ou start-up et de les aider à se développer (en s'appuyant sur la pratique du proof of concept ou via des concours d'innovation).
Le Health data hub, une plateforme de données de santé, fait aussi partie du chantier. Le travail a déjà commencé. 10 projets ont été sélectionnés mi-avril pour participer à l'élaboration du prototype de la plateforme. Elle devrait être opérationnelle d'ici un an.
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