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vendredi 25 janvier 2019

Et si un médecin “sympa" rendait les traitements plus efficaces ? (étude)

Camille Roux
| 26.01.2019


Les médecins négligent-ils trop la relation humaine avec leurs patients ? Un article publié dans le New York Times par deux psychologues sociaux de l'université de Stanford, Lauren C. Howe et Kari Leibowitz, fait le rapprochement entre qualité des échanges et efficacité des traitements médicaux. Un médecin sympathique et chaleureux obtiendrait de meilleurs résultats dans les traitements qu'un médecin froid et collé à son écran d'ordinateur pendant la consultation. « Avoir un médecin chaleureux et rassurant améliore votre santé », assurent les deux psychologues.
 Les deux chercheurs ont mené une première expérience avec 76 participants afin de déterminer si l'attitude du médecin envers son patient a des effets sur la durée des symptômes. Un “prick test" contenant de l'histamine a été effectué sur l'avant-bras des participants, provoquant des démangeaisons et des rougeurs. Le groupe de cobayes a ensuite été divisé en deux : le premier groupe a été examiné par un médecin peu causant, le deuxième par un praticien bavard et rassurant. « Votre réaction allergique va commencer à diminuer ainsi que l'irritation… », assure ce dernier. Même sans traitement médicamenteux, ces quelques mots ont été bénéfiques et le groupe de patients ayant eu affaire au médecin « sympa » a eu des démangeaisons moins importantes.
Les mots, un placebo
« Les recherches montrent que le comportement du médecin est aussi important que de prendre un traitement placebo », ajoutent les auteurs. Une seconde étude menée par les mêmes psychologues s'est intéressée à l'influence du niveau de compétences du médecin sur l'efficacité d'un traitement placebo. L’article précise en effet que les patients ont de plus en plus accès aux CV et aux notes des praticiens sur internet et y sont très attentifs. Les chercheurs se sont donc demandé si à niveau de compétence égal, l'attitude du médecin avait encore une influence dans le traitement.
Une crème placebo antihistaminique pour l'allergie a alors été appliquée aux patients. Deux groupes de participants ont reçu ce traitement. Le premier a eu affaire à « une médecin compétente et chaleureuse, appelant le patient par son nom, souriante, qui discute et établit un contact visuel. Son cabinet était rangé, elle parlait clairement et paraissait sûre d'elle ». Le deuxième groupe de participants s'est retrouvé face à une médecin compétente mais « collée à son ordinateur pendant l'examen, qui ne s'est pas présentée et a posé des questions seulement pratiques. Elle semblait crouler sous les papiers dans un bureau mal rangé et paraissait peu sûre d'elle ». Résultat : selon l'étude, la crème placebo a permis une diminution des effets allergiques seulement sur le groupe ayant eu affaire à la première praticienne, chaleureuse et sympathique.
En conclusion, les auteurs affirment que « les médecins qui n'établissent pas de contact humain avec leurs patients risquent d'ébranler le succès du traitement qu'ils prescrivent. La relation médecin-patient n'est pas seulement un bonus « feel-good » qui permet d'avoir une bonne note sur internet mais un composant essentiel de la prise en charge médicale », concluent les auteurs. 

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