Depuis vendredi, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) est touché par une polémique dont il se serait bien passé. Alors que la profession était réunie en congrès à Strasbourg, du 5 au 7 décembre, la présentation devant 1 200 congressistes d'une diapositive assimilant les femmes à des juments a provoqué un tollé dans la salle et sur les réseaux sociaux. Au point que deux hashtags ont vu le jour sur Twitter : #Jumentgate et #jenesuispasunejument...
La diapositive incriminée faisait partie d'une communication dans le cadre d'une séance sur les recommandations pratiques pour la protection du périnée au cours de l'accouchement. La phrase projetée est issue du roman historique « Le Seigneur de Châlus », dont l'action se situe au Moyen Âge entre 967 et 969, et écrit par le Pr Yves Aubard… PU-PH au CHU de Limoges. Elle énonce que « les femmes, c'est comme les juments, celles qui ont de grosses hanches ne sont pas les plus agréables à monter, mais ce sont celles qui mettent bas le plus facilement ».
Violences
Plusieurs collectifs féministes, dont « Osez le féminisme », ont immédiatement réagi sur Twitter. Des médecins ont également condamné ces propos.
Le magazine « Causette » a par ailleurs jugé que certains intitulés du programme des journées du CNGOF étaient pour le moins maladroits.
Excuses du Pr Nisand
Le président du CNGOF, le Pr Israël Nisand, a indiqué à l'AFP que la diffusion de cette diapositive était totalement « déplacée ». « C'est comme quelqu'un qui entend une blague salace et la relaie, c'est totalement inapproprié », ajoute-t-il. Le célèbre obstétricien s'est excusé au nom du collège, parlant sur le site du CNGOF d'une citation « moyenâgeuse ». Il y précise que « toute notre profession est arc-boutée sur la défense des femmes, de leur santé et de leur dignité ». « Nous sommes navrés, nous qui sommes réunis pour améliorer nos pratiques professionnelles, de ce qui – à tout le moins – est considéré par nous comme une atteinte à l’image des femmes », ajoute le Pr Nisand.
L'auteur de la présentation, le Pr Renaud de Tayrac, chef du service de gynécologie obstétrique à l'hôpital de Nîmes, s'est lui aussi excusé sur le site du Collège, précisant qu'il ne voulait pas être « provocateur ou polémique », mais faire un rappel historique « sur la vision de l'anatomie du bassin féminin et des difficultés de l'accouchement au Moyen Âge ». « Mon objectif était de démontrer au cours de la présentation que les connaissances obstétricales avaient beaucoup progressé. La phrase citée est celle d'un personnage de roman et ne correspond pas à ma vision des femmes et de l'obstétrique, ni à celle de l'auteur cité », ajoute le Pr de Tayrac.
Autre année, autre controverse... L'an passé, des dizaines d’affiches dénonçant avec véhémence la maltraitance gynécologique avaient été placardées sur les lieux des Journées nationales du CNGOF, à Lille, avant d’être retirées par les organisateurs. Les médecins avaient défendu leurs confrères en dénonçant le « gynéco bashing ».
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