Catherine Frammery 13 octobre 2018
Le cinéaste David Cronenberg en avait fait une oie blanche adepte de la fessée érotique. Violaine Gelly redonne ses couleurs à une figure méconnue de la psychanalyse, dont la vie fut dérobée par les hommes autour d’elle et par la violence du siècle
Longtemps, l’histoire de la psychanalyse n’a retenu d’elle que peu de choses: elle a été la patiente puis la maîtresse (un court temps) de Carl Gustav Jung, elle est à l’origine de la rencontre du psychiatre zurichois avec son maître Sigmund Freud ou encore, à Genève, elle a été l’analyste de Jean Piaget. Le nom de Sabina Spielrein apparaissait principalement dans un cadre masculin et fantasmé, petite pièce décorative de l’histoire sérieuse écrite par les hommes, alors que ce fut l’une des premières psychanalystes femmes, auteure d’un corpus analytique charnu encore en cours de redécouverte, pionnière de la psychanalyse des enfants, et même découvreuse du concept clé de «pulsion de mort», qui apparaît dans ses écrits dès 1912, quand il faudra encore huit années à Freud pour s’en emparer. Le terme n’est pas galvaudé: la psychanalyste «a vu sa vie dérobée par les hommes autour d’elle», affirme sa biographe Violaine Gelly, qui, dans La vie dérobée de Sabina Spielrein, rend justice à la vie et à l’œuvre de la Russe précurseur.
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