Bien que n’étant pas toujours intégrées dans les nosographies officielles comme la CIM et le DSM, certaines problématiques sont décrites en référence à la mythologie (complexe d’Œdipe, malédiction d’Ondine[1]) ou à des œuvres littéraires : bovarysme, syndrome de Pickwick, syndrome de Peter Pan, effet Werther... The Australian & New Zealand Journal of Psychiatry publie deux courriers de lecteurs (exerçant au Canada, au Brésil, et en Australie) consacrés à une même affection, connue depuis 1955 sous plusieurs noms (syndrome de Todd, syndrome de Charles Bonnet), et en particulier sous l’appellation pittoresque de Alice in Wonderland syndrome (AIWS), syndrome d’Alice au Pays des Merveilles[2], une terminologie évocatrice de l’ensemble des distorsions visuelles éprouvées par la jeune héroïne du récit de Lewis Carroll, et retrouvées chez les patients qui en souffrent.
Comportant des hallucinations visuelles, cette maladie rare prend le masque d’un trouble psychiatrique à focalisation sensorielle (distorsions ou hallucinations visuelles, notamment de type lilliputien, sensations de déformations du corps ou des membres, dysmorphopsie[3], kinétopsie –impression de voir bouger des objets pourtant fixes), mais dans le sillage d’un problème neurologique (neuromyélite optique post-zostérienne dans un cas évoqué par les auteurs, migraine) ou/et d’une infection virale (varicelle, herpès, Epstein-Barr).
Un problème neurologique lié à une infection virale
Pouvant survenir après une perte de vision partielle, les hallucinations visuelles ne traduisent ainsi pas forcément des lésions ophtalmiques, mais parfois « des lésions sur les voies visuelles, dues à une infection par le virus varicelle-zona ». Les auteurs précisent que ce syndrome AIWS peut se trouver associé « à des migraines, une épilepsie temporale, une tumeur cérébrale, ou une prise de médicaments psychoactifs » et que le diagnostic différentiel doit écarter notamment une schizophrénie et un contexte étiologique médical (comme une infection zostérienne ou par le virus d’Epstein-Barr). Il est important aussi de « réassurer le patient et d’éviter les neuroleptiques qui se révèlent inefficaces », puisqu’il ne s’agit pas réellement d’un problème psychiatrique, malgré les apparences de l’étrange climat littéraire de Lewis Carroll.
hypoventilation alvéolaire centrale, ainsi désignée en référence à la mythologie où la nymphe Ondine punit son mari volage en lui ôtant la faculté de respirer automatiquement pendant le sommeil : il meurt alors en dormant.
Dr Alain Cohen
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