| 08.09.2018
L’écriture des médecins serait difficile à déchiffrer. Le vocabulaire employé par les praticiens peut également être difficile à appréhender pour les patients. Fin 2017, une étude publiée dans le British Dental Journal révélait que la signification de certains mots, fréquemment utilisés par les médecins, n’était pas toujours connue des patients. Les termes « bénin » et « lésion » étaient ainsi les moins bien compris.
Au Royaume-Uni, l’Academy of Medical Royal Colleges (qui régit 24 universités britanniques et irlandaises) a publié cette semaine un guidepour encourager les médecins, quelle que soit leur spécialité, à rédiger leurs courriers d’adressage en anglais courant – et donc d’éviter le latin – ainsi que de les écrire à destination du patient, de façon à l’inclure dans l’échange.
Privilégier les questions ouvertes
Les médecins abuseraient-ils du jargon médical ? Sur cette question, le Dr Corinne Perdrix, généraliste à Villeurbanne et maître de conférences associée à la faculté de médecine Lyon-Sud préfère botter en touche. Mais l’enseignante reconnaît que des simplifications faciles existent. « Tous les mots relatifs à l’anatomie peuvent être remplacés par des termes plus simples, souligne-t-elle. La généraliste estime qu’il est également important de bien expliquer ce que sont les maladies. « Même quand on parle de diabète, on s’aperçoit souvent que les gens ne savent pas ce que c’est », constate-t-elle.
« Nous (les enseignants en médecine générale, ndlr) essayons de faire passer le message que les médecins doivent utiliser les termes les plus simples possible pour que les patients comprennent, assure le Dr Perdrix. Et qu’ils doivent vérifier la compréhension du patient une fois leurs explications données. » Pour cela, la généraliste recommande par exemple de préférer la formulation « Que pensez-vous de ce que je vous ai dit ? » à « Est-ce que vous avez compris ? ». « Ça autorise le patient à ne pas avoir compris. Il faut le mettre en confiance, lui dire de ne pas hésiter à nous interrompre », affirme-t-elle.
Le silence est d’or
« Surtout, il faut laisser du temps pour répondre, insiste Corinne Perdrix. Il faut respecter ce silence qui s’installe. »
Mais les médecins, et les généralistes en particulier, ont-ils seulement le temps ? « Les médecins ont aussi leurs limites, confie le Dr Perdrix. C’est plus facile le lundi matin que le vendredi soir. » « La pression est importante mais on gagne du temps à bien se faire comprendre », souligne-t-elle.
Les étudiants demandeurs
Du côté des universités, les formations à la communication plaisent aux étudiants, selon le Dr Perdrix. « Quand on organise des formations, ils participent de façon active, assure-t-elle. Après, il va faut se lancer dans la vraie vie, avec le patient. Tout dépend de la volonté de l’étudiant. »
Enfin, Corinne Perdrix rappelle que le premier item des ECN est consacré à la communication. « Mais l’ECN n’évalue que des savoirs. J’ai beau savoir qu’il faut poser des questions ouvertes, est-ce que je le fais vraiment ? », conclut-elle.
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