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vendredi 7 septembre 2018

« Arrêts de travail inappropriés ou abusifs » : la Cnam précise les chiffres

08.09.2018

Après le lapsus (volontaire ?) d'Édouard Philippe, qui avait confondu « arrêts maladie » et « congés », Agnès Buzyn a récemment irrité la profession en évoquant la part grandissante d'IJ inadaptés« Quand on contrôle les arrêts de travail, environ 15 % sont inappropriés ou sont des abus », a récemment déclaré la ministre à Radio Classique, sans préciser ce que recouvrait ce nombre.
Jointe par Le Généraliste, la Caisse nationale d'Assurance maladie (Cnam) a apporté quelques précisions sur ce chiffre. « Sur les six premiers mois de 2018, suite aux contrôles de l’Assurance maladie, 16,1 % des assurés examinés par le service médical ont eu une reprise du travail fixée par le médecin-conseil, explique la Cnam, sans préciser le nombre de contrôles. Cela signifie qu’à la date de reprise, l’arrêt de travail n’était plus justifié. Mais cela ne permet pas de déterminer s'il était injustifié au départ. »

Vers plus de contrôles ?
Le gouvernement ne cache pas son intention d'enrayer l’envolée des arrêts maladie. Des mesures sont attendues dans le prochain budget de la Sécurité sociale présenté à la fin du mois. Les IJ ont augmenté de 15 % entre 2010 et 2016 et l’indemnisation est passée de 6,2 à 7,1 milliards pendant cette période, selon un rapport de l’Assurance maladie présenté cet été. Cette évolution s’est même accélérée, avec une hausse de 4,9 % de janvier à juin 2018. Un temps évoquée, la possibilité de transférer une partie du financement des arrêts maladie de courte durée (moins de huit jours) vers les entreprises a finalement été exclue par Edouard Philippe.
La ministre de la Santé a rencontré les partenaires sociaux afin de trouver « une meilleure organisation et responsabilisation collective autour des arrêts de travail ». Parmi les pistes possibles, elle a cité « une amélioration des conditions de travail, plus de contrôles ou une responsabilisation accrue des médecins »
Un rapport commandé par Philippe
Le Premier ministre a quant à lui missionné pour quatre mois Jean-Luc Bérard, DRH du groupe industriel Safran et Stéphane Seiller, magistrat à la Cour des comptes, « pour faire un diagnostic partagé » sur l'augmentation des arrêts maladie et « proposer un certain nombre d'évolutions »afin de faire face à l'augmentation des arrêts maladie, notamment de courte durée.
Un point d'étape avec « des premiers éléments de diagnostic » et de « premières orientations »sera fait fin octobre.
Les médecins furieux
Mis en cause, les médecins refusent de porter le chapeau. « Les causes de la hausse des arrêts de travail sont multifactorielles, rappelle la CSMF.  La responsabilité des médecins est de préserver la santé physique et mentale de leurs patients. » MG France, qui rencontrait hier Agnès Buzyn, rappelle que les arrêts de plus de six mois sont systématiquement validés par le service médical. Plusieurs syndicats estiment qu'avant de taper sur la profession, il faudrait s’attaquer aux causes du problème et plus particulièrement à la souffrance au travail. « C’est d’abord une catastrophe sociale avant d’être un problème économique », souligne l’UFML-S. « Il est indéniable que le nombre d'IJ explose, mais pour en connaître la raison peut-être aurait-il fallu interroger les acteurs de terrain », pointe la FMF. 

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