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vendredi 14 septembre 2018

Effondrement du pont à Gênes : 250 personnes prises en charge pour des troubles psychologiques

| 14.09.2018


À Gênes, une cellule de support psychologique et psychiatrique a été mise en place pour aider la population touchée par l'effondrement du pont à évacuer son stress. Un mois après le drame, le « Quotidien » a rencontré le Dr Marco Vaggi, psychiatre, et directeur du département de la Santé mentale et de la Dépendance du service public italien.
LE QUOTIDIEN : Comment avez-vous géré les conséquences psychologiques de cette catastrophe sur la population ?
Dr MARCO VAGGI : Juste après l’effondrement du pont, nous avons renforcé les effectifs des services d’urgence hospitaliers dans toute la ville. Nous avons mobilisé un peu plus d’une dizaine de praticiens, des psychologues et des psychiatres pour s’occuper des blessés et des familles des victimes.

Une cellule de support psychologique a été mise en place dans le centre d'accueil où ont été hébergées les personnes évacuées juste après le drame. C’était important notamment pour les personnes âgées et celles qui ont déjà souffert de traumatismes et qui sont les plus à risque. Les enfants récupèrent en général rapidement lorsqu’ils sont dans un environnement familial.
Cette cellule a été installée en coopération avec trois associations. D’abord, EMDR, une association nationale de psychiatres et psychologues spécialisée dans la gestion de l’après catastrophe. Puis, l’association des psychologues des Chevaliers de Malte et enfin l’association des praticiens de la Protection Civile. Ces trois associations ont envoyé 70 spécialistes qui ont aidé les personnes impliquées dans le drame à parler de leur stress.
Aujourd’hui, nous entrons dans une phase de prise en charge des personnes les plus touchées. Il s'agit d'une minorité de patients qui ont développé des épisodes de crise d’angoisse et de panique. Ces patients ont du mal à se libérer des images, des fameux flash-back. Ils n’arrivent pas à « digérer » la catastrophe, à élaborer leur deuil psychologique. Ils sont pris en charge par une cellule médicale du service public spécifique, créée après l’effondrement du pont.
Quelles sont vos premières conclusions ?
Nous ne pourrons pas brosser de tableau de la situation en termes de statistiques fiables avant six mois. Mais en résumé, un mois après le drame, nous avons examiné environ 250 personnes dont une trentaine de cas graves. Elles souffrent de stress post-traumatique, c’est-à-dire de difficulté à évoquer la situation. Elles n’arrivent pas à se libérer. C’est fréquent dans les heures qui suivent une grande catastrophe.
Notre intervention immédiate nous a permis de limiter le nombre de personnes à risque, celles qui peuvent développer une pathologie psychologique ou psychiatrique plus ou moins grave. C’est la démonstration que la plupart des personnes qui subissent un choc ont les ressources nécessaires pour rebondir. Le support psychologique immédiat les a aidées à en prendre conscience.
À quel type de profils psychologiques avez-vous affaire ?
Les répercussions psychologiques des grandes catastrophes sur la population sont classées sur trois niveaux.
Il y a d’abord le niveau immédiat, c’est-à-dire une réaction émotive de la part des personnes directement impliquées comme les blessés et les familles qui ont perdu un proche. Le deuxième niveau concerne la population qui n’est pas impliquée de près mais qui est quand même touchée par l’évènement parce qu’elle allait souvent sur les lieux du drame ou habitait à proximité. Ces personnes ont une réaction émotive trois mois après la catastrophe.
Et puis, dans un délai d’un an, on observe le phénomène dit « de rechute » sur des personnes qui souffraient déjà d’une pathologie et sur lesquelles un évènement de ce type peut avoir un impact psychologique important sur le long terme. Ces personnes ne sont pas nombreuses mais elles sont difficiles à repérer puisque leur réaction n’est pas immédiate. Pour éviter des situations compliquées, il faut donc intervenir immédiatement et réussir à faire parler les gens. Par immédiatement, j’entends dans les minutes, les heures qui suivent la tragédie et mettre en place un suivi médical sur quelques jours. C'est ce que nous avons fait.

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