« La minute savourée est plus longue que celle imposée par un chronomètre »
A une époque de profondes mutations, le rapport au temps est chamboulé. Nous avons invité des personnalités et des anonymes à se confier sur ce sujet. Cette semaine, l’artiste Sabaï Anouk Ramedhan-Levi et le biologiste Ariel Lindner présentent leur performance « One Minute » qui questionne notre perception du temps.
M le magazine du Monde | | Propos recueillis par Damien Dubuc
Depuis 2012, l’artiste Sabaï Anouk Ramedhan-Levi explore notre perception des unités de mesure universelles grâce au projet « Measure for Measure », décliné en trois volets : One Meter, One Gram et One Minute. Pour cette dernière performance vidéo, elle a créé avec le biologiste de l’Inserm Ariel Lindner un dispositif qui donne à voir à quel point nos représentations du temps sont personnelles. Mais aussi que la rencontre avec autrui passe par l’acceptation de cette singularité.
Pour votre projet « One Minute », vous invitez les participants à éprouver une durée sans regarder leur montre. Quel est le dispositif de cette expérience ?
Sabaï Anouk Ramedhan-Levi : Je demande aux participants – allemands, israéliens, français,
anglais, italiens ou indonésiens – de se placer face à la caméra puis de fermer les yeux pendant ce qu’ils estiment être 60 secondes. Je leur suggère de ne pas compter. Ce protocole simple vise à évaluer les unités subjectives : certains ouvrent les yeux au bout d’une quarantaine de secondes quand d’autres restent absorbés trois fois plus longtemps.
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