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lundi 29 mai 2017

La puberté précoce en augmentation en France, le rôle des perturbateurs endocriniens en question

Damien Coulomb
| 31.05.2017


Des épidémiologistes ont présenté une cartographie précise de l'évolution spatio-temporelle de pathologies traditionnellement associées à l'exposition aux perturbateurs endocriniens avec pour la première fois, des données sur l'augmentation de l'incidence de la puberté précoce. Ces données ont été présentées lors des rencontres annuelles de l'agence Santé Publique France qui se tiennent à paris du 30 mai au 1er juin.

Le Dr Joëlle Le Moal, médecin épidémiologique de l'agence, a détaillé les données spatiotemporelles sur la baisse de la qualité du sperme, la hausse de l'incidence du cancer du testicule, l'augmentation des cas de pubertés précoces et de cryptorchidies (absence d'un ou des deux testicules dans le scrotum). Seuls les hypospadias (malformation caractérisée par l'ouverture de l'urètre dans la face inférieure du pénis) n'ont pas connu de hausse ces dernières années.
Les pubertés précoces cartographiées pour la première fois
Les chiffres concernant les pubertés précoces idiopathiques (non expliquées par une lésion du système nerveux central, une cause génétique ou une tumeur ovarienne) sont les plus inédits. La France est le premier pays au monde en mesure de fournir une incidence de cette pathologie, département par département.
Avec 1 173 nouveaux cas chez la fille, et 10 fois moins chez le garçon, les chiffres de l’agence correspondent à ce qui est observé dans la littérature internationale. Les auteurs ont observé des incidences fortes dans la région Midi-Pyrénées et autour de Lyon, chez les garçons comme chez les filles. « Il y aurait donc des facteurs de risque géographiques communs, analyse le Dr Le Moal, nous avons regardé les différences de pratiques médicales en interrogeant les équipes d’endocrino pédiatres. Même s’il y a des différences de pratiques, elles ne justifient pas ce motif géographique très spécial. »
Le plus grand nombre de cas chez les filles pourraient s'expliquer par un sous diagnostic des cas masculins : « les mères se rendent compte très vite quand leur petite fille a les seins qui poussent, alors que la vérification de la taille des testicules des garçons n'est pas rentrée dans les mœurs », précise le Dr Le Moal.
Ces constatations « sont compatibles avec les conséquences d'une exposition aux perturbateurs endocriniens, explique le Dr Le Moal, mais d'autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte comme les changements nutritionnels le tabagisme des mères, le stress la dégradation du sommeil… Il nous faudra davantage d'études pour identifier la part des perturbateurs endocriniens », ajoute-t-elle.
Confirmation du déclin de la santé sexuelle
Concernant le cancer des testicules, il y a eu une augmentation de 1,53 % du nombre annuel de cas entre 1998 et 2014, avec environ 2 000 nouveaux cas par an sur la période. On observe une forte hétérogénéité spatiale, avec des incidences élevées dans le grand ouest. « Ces données sont très robustes, car ce cancer est diagnostiqué et traité de la même manière depuis très longtemps », précise le Dr Le Moal. Il n'y a donc pas de cofacteur influençant ces résultats.
Le Dr Le Moal a présenté les résultats de deux études menées en 2013 et 2014 qui confirment la chute de la qualité du sperme de 1,9 % par an (-32,2 % sur 17 ans) entre 1989 et 2015. Cette diminution est particulièrement prononcée dans les régions Midi-Pyrénées et Aquitaine.
Cryptorchidies en hausse, hypospadias qui stagnent
Les auteurs observent également une augmentation des cryptorchidies opérées chez les enfants de moins de 7 ans de 2,64 % par an entre 2002 et 2014, soit 7 000 nouveaux cas par an. « Nous sommes les seuls à avoir ce genre de données au niveau national », se réjouit le Dr Le Moal. L’augmentation de l’incidence des hypospadias opérés, suggérée par des données antérieures, n’apparaît plus dans les données consolidées de l’agence qui montre une incidence de 3 000 nouveaux cas par an. À l’échelle européenne, l’organisme européen Eurocat avait également observé une augmentation de l’incidence des hypospadias jusqu’en 2008, mais les études récentes montrent une stabilité.
Il existe désormais « un faisceau de préoccupations environnementales, explique le Dr Le Moal, à partir du recensement agricole et du relevé parcellaire, on est en train de créer des indicateurs d’exposition géographique aux perturbateurs endocriniens basés sur la proximité géographique aux différents types de cultures. On pourra ensuite mettre en regard ces cartes d’expositions à celles des cancers, hypospadias et cryptorchidies », promet-elle.

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