Réflexions de l'Inter-Collèges des Psychologues d'Ile-de-France à propos du décret n° 2017-813 du 5 mai 2017 dans le cadre des échanges avec
syndicats.
Chers
collègues,
Nous avons suivi l’ensemble
de vos discussions concernant la parution du décret n° 2017-813 du 5
mai 2017 ce dont nous vous remercions.
Nous sommes
revenus sur les échanges qui ont eu lieu à ce propos lors de l'Assemblée
Nationale du 27 octobre 2016 et avons noté la position de Marisol Touraine.
Concernant l’indication de ces consultations, elle souhaitait à l’époque que
l’évaluation se fasse par l’intermédiaire d’un médecin. Le décret constitue
donc l'aboutissement de ces discussions.
Une
première lecture de cette disposition met en avant la dépendance de la
profession au médical. Cependant, il nous parait essentiel de distinguer
l’arbre qui cache la forêt. La para médicalisation n’est pas la seule question
que soulève cette expérimentation.
Nous
souhaitons attirer votre attention sur plusieurs points :
Le premier
et pas le moindre concerne le forfait :
Comment
peut-on imaginer réduire le travail clinique à la prescription de 12 séances ?
Quelle que soit l’approche utilisée, n’y aurait-il pas là un grave
détournement de son éthique ? Comme dirait notre président, de la poudre de
perlimpinpin !! Autre aspect, cette possibilité laisserait le jeune et sa
famille encore plus démunis après avoir espéré quelques résultats dans le cadre
d’une relation transférentielle qui devra s’arrêter brutalement. Il y aurait là
une belle occasion de dire que la psychologie ne sert à rien. Comment peut-on
accepter une telle dénaturation de la clinique ?
Deuxième
point : Toujours dans les échanges précités, il est frappant de constater
combien la ministre et certains députés méconnaissent le travail des psychologues
hospitaliers et la réalité du terrain. Ne serait-ce pas le moment de rappeler
que les psychologues ne sont pas voués uniquement à s’occuper des malaises sans
gravité pendant que les psychiatres et pédopsychiatres s’occupent des grandes
affections psychiatriques ? Pourrions-nous préciser également l’importance
majeure des interventions des psychologues dans les CMP ? Nous savons tous
qu’ils y prennent en charge de nombreux patients psychotiques et autistes ainsi
que leur famille. Il est certain qu’un bon nombre de psychologues libéraux
reçoivent leurs patients dans un esprit de travail similaire, c’est-à-dire
ouvert à toute forme de pathologie.
Par
ailleurs et comme l’a souligné la CGT dans son courrier à Madame Delaunay,
l’impossibilité pour de nombreux psychologues de recevoir les patients en
première intention
favorise en partie l’installation des listes d’attente dans les CMP. En effet,
les psychiatres et pédopsychiatres qui voient leur temps diminué de plus en
plus n’ont parfois plus les moyens d’orienter les patients vers les
psychologues. Certains de nos collègues ont pu d’ailleurs témoigner qu’ils
faisaient parfois acte de présence faute d’orientation pendant que la liste
d’attente s’allongeait !
A notre
connaissance, aucune large concertation n’a eu lieu au sein de la profession
concernant cette question du remboursement. Il est évident qu’elle ne peut
faire consensus et qu’elle porte en elle-même les raisons évidentes de graves
divisions. Peut-on raisonnablement penser qu’il puisse y avoir remboursement
sans para médicalisation ? Il nous semble que ces deux questions sont
indissociables dans l’esprit des politiques, des médecins....
Enfin, nous
nous interrogeons sur la signification politique de ce décret dans un contexte
où les services publics sont mis à mal.
L’Inter-collègesIDF et le Collectif National vont très rapidement mettre le sujet en débat ce
dont nous vous tiendrons informés.
Bien
cordialement.
Les coordinateurs de
l’Inter-collèges IDF
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