| 01.06.2017
Crédit Photo : AFP
Une nouvelle « mission d'expertise en ressources humaines » a été diligentée à l'hôpital de Cayenne par les ministères des Outre-mer et de la Santé. « Cette mission aura pour objectif d’évaluer les besoins de personnel médical et paramédical du Centre Hospitalier André Rosemond de Cayenne (CHAR), le Centre hospitalier de référence en Guyane », affirment les ministres Agnès Buzyn et Annick Girardin dans un communiqué.
Sur place, c'est la consternation qui règne, comme l'explique le Dr Loïc Epelboin, de l'unité des maladies Infectieuses et tropicales, et membre du pôle santé qui a négocié l'accord signé entre le gouvernement et les représentants du collectif « Pou Lagwiyanne dékolé ». Le praticien a vu défiler « un nombre impressionnant » de missions et de rapports qui ont tous déjà abondamment décrit le délabrement progressif de l'hôpital. Un rapport de mars 2016 réalisé par Chantal De Singly, (ex-directrice de l'ARS océan indien, récemment nommée directrice du cabinet de la ministre des sports Laura Flessel).
Des rapports comme s'il en pleuvait
Le rapport faisait le constat d'un manque de financement de l'ordre de 15 à 20 millions d’euros, et d'un personnel « en souffrance, fatigué et démotivé ». Elle préconisait à la ministre de la Santé Marisol Touraine la rénovation de certains bâtiments en attendant les grands travaux, qui doivent démarrer fin 2018.
En juin dernier, deux administrateurs provisoires du CHAR ont été nommés : Pierre Lesteven et Bernard Roehrich. « Ils avaient également produit un rapport accablant, que personne n'a vu et dont personne n'a tenu compte », s'impatiente le Dr Epelboin.
Rupture de stock en chimiothérapie
Depuis les accords du 21 avril dernier, qui prévoient une enveloppe de 60 millions pour le CHAR (20 millions pour éponger les dettes et 40 millions d'investissement) la situation semble ne pas s'être améliorée. « Au contraire même ! » affirme le Dr Epelboin. « L'argent n'a toujours pas été débloqué, poursuit-il. Nos fournisseurs nous ont lâchés, nous allons tomber à court de produits de chimiothérapie dans les jours qui viennent. » Une circulaire de la direction générale de l'organisation des soins, datée du 9 mai, ne prévoit pour l'instant que 6,075 millions d'euros pour le CHAR.
Même si l'intégralité des fonds promis était versée, il ne s'agirait que « d'un masticage » alors que l'hôpital aurait besoin « d'un ravalement en profondeur », affirme le Dr Epelboin. « Notre hôpital n'est pas calibré pour faire face à l'augmentation du nombre de patients, ajoute-t-il, Les urgences sont complètement explosées, nous avons besoin d'un bâtiment médicotechnique digne de ce nom, constate le Dr Epelboin. Nous avons eu beaucoup de mal à faire venir une équipe de neurologues, j'ai peur qu'ils repartent rapidement quand ils verront dans quelles conditions on veut les faire travailler. »
Une grève toujours en cours
Le CHAR est de plus partiellement bloqué depuis 2 mois par un mouvement de grève mené par le syndicat de l’Union des travailleurs guyanais (UTG). Ce dernier, contrairement aux autres membres de la contestation, a maintenu son action au CHAR, et au sein du Groupement pétrolier d’avitaillement de Rochambeau (GPar) et des services d’EDF. Les grévistes demandent 200 postes supplémentaires tandis que la direction en propose 36. Sur les 682 lits que compte l'hôpital, 20 lits du service des urgences sont actuellement fermés à cause de travaux de réfection, et 15 autres sont fermés à cause de la grève qui bloque l'entrée principale.
D'autres signes laissent planer une ombre sur les accords d'avril. La constitution de comités de suivi prévus est restée lettre morte. Quatre parlementaires guyanais ont par ailleurs déposé vendredi dernier un référé devant le tribunal administratif de Cayenne pour dénoncer le non-respect par l'État de l'accord de Guyane, signé le 21 avril dernier, a expliqué à l'AFP le député Gabriel Serville.
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