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vendredi 30 juin 2017

Robot et interface cerveau-machine : qui est responsable en cas d'accident ?

Fabienne Rigal
| 30.06.2017
Des chercheurs en neurotechnologies ont publié dans « Science » un article plaidant pour la mise en place de recommandations dans l’usage des interfaces cerveau-machine (ICM). Ces dispositifs, encore utilisés de façon expérimentale, permettent à des personnes sévèrement handicapées au niveau moteur de retrouver l’usage de leurs membresleur sensibilité, ou la possibilité de communiquer avec l’extérieur. Pour les auteurs, ce champ des neurosciences évolue très rapidement et il est nécessaire que nous anticipions les problèmes afin de mieux les prévenir. Des questions éthiques sont ainsi partagées entre l’usage des ICM et celui d’autres outils modernes comme les smartphones ou les systèmes semi-autonomes (les voitures sans conducteurs, par exemple). Les auteurs ont décidé de soulever les différents sujets d’inquiétude possibles, afin de favoriser une prise de conscience.

Une sécurité non optimale
Un premier problème qui peut se poser est celui de la responsabilité. Où se trouve en effet la frontière entre la responsabilité de l’utilisateur et celle du fabricant, si une action décidée par l’utilisateur se passe mal à cause d’un manque de sécurité lié à l’objet ? Si un utilisateur emploie un robot semi-autonome dans une action risquée (comme le fait de porter un bébé) tout en sachant que la sécurité de ce robot n’est pas optimale, il est impliqué – tout comme l’est un conducteur qui a un accident lors d’une crise d’épilepsie, alors qu’il n’avait pas pris ses médicaments. Mais bien sûr, le fabricant partage une responsabilité, à la fois légale et morale, soutiennent les auteurs, qui demandent donc que les robots semi-autonomes incluent une sorte de système d’arrêt d’urgence pour dépasser certaines faiblesses des ICM actuelles. Les circonstances dans lesquelles il serait sûr d’utiliser ces robots dépendraient alors de la fiabilité de ce système d’arrêt d’urgence.
Sécuriser les données et éviter le piratage
Par ailleurs, les auteurs soulignent qu’il n’y a aujourd’hui que peu de participants à des expériences d’ICM, mais qu’il pourrait y en avoir bien davantage si, par exemple, comme certaines études le laissent penser, 30 % des personnes qui sont dans ce qu’on croit être un état végétatif étaient en fait en « locked-in syndrome » (ou syndrome d’enfermement). La question du piratage des ICM doit donc elle aussi se poser. Les ICM, qui ont pour but de restaurer le mouvement ou la communication, ne semblent pas a priori être des cibles attractives pour des hackers mais elles pourraient le devenir si l’utilisateur présentait un intérêt particulier. La protection des données personnelles des utilisateurs est donc primordiale, de même que la protection contre de possibles manipulations des implants cérébraux, insistent les auteurs.

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