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Les troubles du développement du langage affectent 3,5 % à 5 % des enfants de 4 ans sans qu’aucune cause connue, atteinte cérébrale, intellectuelle, cranio-faciale, génétique, surdité, n’explique cette situation. Celle-ci peut être source de difficultés psycho-sociales, pour la lecture et les apprentissages. Les études sur les facteurs prédictifs à 4 ans de guérison ou de persistance du trouble à 7-8 ans manquent sont l’identification permettrait de donner une éventuelle indication pour une prise en charge orthophonique. L’influence du sexe, du statut socioéconomique, du niveau d’éducation maternelle, du développement des premiers stades du langage, de l’intelligence et de l’histoire familiale sont communément évoqués. En clinique, on peut qualifier le langage de « retardé » si son développement présente un délai par comparaison avec 90 % des enfants du même âge, ou qualifié de « désorganisé » avec confusion de consonnes (ex bu pour bleu) ou formation des sons avec la langue en position postérieure (k pout t) ou manque de la consonne initiale du mot (en pour dent).
La confusion des consonnes se résoud moins facilement
Dans la région de Melbourne, 1 910 nourrissons de 7 à 10 mois ont été recrutés afin d’étudier le développement du langage, au sein de populations de différents statuts socioéconomiques. L’évaluation à 4 ans (n = 1494) a identifié les enfants avec des problèmes de langage à la suite d’entretiens individuels qui ont exclu les enfants avec handicap ou problème de langue parentale. Des erreurs ont été identifiées chez 160/1 494 (11 %) ; un deuxième examen à 7 ans a classé 93 participants en problème résolu ou persistant. Une analyse de régression logistique a été menée pour préciser les facteurs prédictifs de l’évolution du langage parmi l’histoire familiale, le sexe, le statut socioéconomique, l’intelligence non verbale et le type d’erreur de langage retardé ou désorganisé.
A 7 ans, juste un peu moins de 60 % des enfants avaient corrigé les erreurs de langage constatées à 4 ans: plus des deux tiers (39/56 69,6 %) en cas de retard contre deux cinquièmes (15/37, 40,5 %) en cas de langage désorganisé. Les enfants qui commettaient des erreurs à 4 ans ont eu une certaine amélioration quant pourcentage de consonnes correctes mais n’atteignaient pas le niveau des enfants de leur âge. La symptomatologie du langage était le seul facteur prédictif de l’évolution (p=0,02) ; les autres variables, sexe, statut socioéconomique, histoire familiale, intelligence non verbale n’intervenaient pas de manière significative.
Ainsi, les enfants qui ont un langage retardé à 4 ans vont probablement résoudre leur problème, justifiant une position attentiste. En revanche, ceux qui ont un langage désorganisé ont un risque deux fois supérieur de difficultés persistantes à 7 ans, justifiant en priorité une prise en charge orthophonique.
Pr Jean-Jacques Baudon
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