LE MONDE | | Par François Desnoyers
De 30 000 à… 3 millions. Telle est l’impressionnante fourchette qui permet d’évaluer, en France, le nombre de personnes touchées par le burn-out (épuisement professionnel). Le premier chiffre est avancé par l’Institut de veille sanitaire (InVS), le second par un cabinet spécialisé dans la prévention des risques. Une estimation pour le moins imprécise, qui en dit long sur la difficulté à appréhender aujourd’hui le phénomène.
C’est en ce sens que la ministre de la santé, Marisol Touraine, a annoncé courant février la mise en place d’un groupe de travail chargé de définir « médicalement le burn-out et la manière de le traiter ». Quelques jours plus tôt, le député socialiste Benoît Hamon avait déposé une proposition de loi visant à reconnaître cette pathologie aux contours flous comme une maladie professionnelle.
Si les travaux sur la définition du phénomène et sa prise en compte efficace en entreprise apparaissent considérables, les spécialistes du sujet s’accordent d’ores et déjà sur un constat : les cas de burn-out, et plus largement les risques psychosociaux, sont en croissance dans les milieux professionnels. « La montée du burn-out et des dépressions est aujourd’hui frappante et s’accompagne de taux d’absentéisme importants », expose Thierry Rochefort, professeur associé à l’Institut d’administration des entreprises de Lyon.
Hausse de l’intensité du stress
Signe de la progression du sentiment de mal-être au travail, le nombre de dossiers présentés pour des affections psychiques devant les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles augmente sensiblement depuis 2012. Des données que viennent corroborer les résultats d’une étude publiée à l’automne 2015 par Cegos.
Le spécialiste de la formation professionnelle s’est notamment intéressé au stress subi par les salariés. « Son intensité ne cesse d’augmenter, commente Virginie Loye, responsable des formations en ressources humaines chez Cegos. Le niveau d’intensité du stress perçu par les collaborateurs et managers a presque doublé en un an : 72 % des salariés et 79 % des managers évaluent leur niveau de stress à 7 et plus [sur une échelle de 0 à 10], contre respectivement 38 % et 41 % en 2014. »
La question du burn-out, point extrême des pathologies psychiques subies en entreprise, n’est jamais loin : le baromètre Cegos précise qu’« un quart de la population interrogée déclare avoir subi au cours de sa carrière un problème psychologique grave, de type dépression ou burn-out » (19 % chez les managers).
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