À la suite de l'audition* publique organisée début avril par la Fédération française d’addictologie (FFA), la commission d’audition "de composition large et diversifiée, indépendante de toute pression, de tout lien d’intérêt et présidée par le Pr Didier Sicard" a produit un rapport d'orientation qui comporte quinze recommandations, informe la fédération dans un communiqué le 18 avril. Elle compte désormais "interpeller les autorités publiques, les partis et responsables politiques pour qu’ils prennent en compte les enjeux et l’importance du consensus qui existe dans la société française [...] afin de sortir des affrontements stériles, des impasses ou des immobilismes actuels".
Parmi ces recommandations, il est notamment préconisé "d'ouvrir des espaces de consommation à moindre risque au sein des lieux existants" et mettre en place un dispositif "d’analyse des produits consommés après étude des besoins et en respect du cahier des charges national". Les termes de "lieux existants" font ici fait référence aux centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) et aux centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques (Caarud). Cette proposition coïncide pourtant avec la publication au Journal officiel (JO) le 25 mars des modalités règlementaires permettant de lancer l'expérimentation de salles de consommation à moindre risque pour les toxicomanes, prévue dans la loi de Santé (lire ci-contre).
Le rapport propose aussi de mettre à disposition des usagers et de leur entourage de la naloxone (injectable ou en spray) pour prévenir les overdoses d’opiacés et réduire la mortalité. Il convient également de permettre "l’accès à des programmes d’héroïne médicalisés sous certaines conditions à définir par un groupe d’experts incluant des usagers" ou encore de mettre en œuvre la primo-prescription de méthadone en ville. La FFA estime également qu'il faut rapprocher les Csapa et Caarud "dans leurs cultures et leurs pratiques, et développer la confiance réciproque". Elle juge nécessaire de la "mise en place d’un organisme indépendant destiné à la gouvernance et au financement des recherches autant académiques que venant du terrain et des usagers". Ceci sous une forme à élaborer, "tenant compte de l’existant". Enfin, une autre recommandation vise "à rendre effectivement accessibles les approches et les outils de réduction des risques dans les lieux de privation de liberté", à savoir les établissements pénitentiaires et psychiatriques.
* Cette audition s'est tenue les 7 et 8 avril dernier avec le soutien de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) et du ministère de la Santé, et avec l’accompagnement de la Haute Autorité de santé (HAS).
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