22.04.2016
Le texte de la Fédération Française d’Addictologie (voir l'article "Un rapport propose d'autoriser la consommation de drogue dans les centres pour toxicomanes") concernant la réduction des risques et des dommages (R.D.R.D) peut être lu avec une double lecture.
La vision claire et pragmatique de ce texte tient compte de la réalité des usagers de drogues et de leurs compétences. Mais elle concerne aussi tous les usagers de substances psycho-actives dont le tabac et l’alcool. Il affirme le bon sens, à savoir qu’il faut tenir compte de l’avis des personnes qui se soignent et se confient à nous, faute de quoi, les malades ne se font plus suivre. Il faut donc adapter les objectifs de soins à la mesure de ce que le patient est en mesure de mobiliser. Nous devons aussi changer notre regard et ne plus penser en termes de droit mais de soins. C’est la raison pour laquelle nous devons réfléchir à la question de la dépénalisation de l’usage de toutes les substances psycho-actives.
L’autre lecture concerne la médecine générale. En tant que généralistes, nous passons notre temps à demander à nos patients des changements : diététiques, exercices physiques, observance des traitements…L’analogie avec les usagers de substances psycho-actives (qui nous consultent aussi dans nos cabinets.) plaide pour que l’état d’esprit de réduction des risques et des dommages (RDRD) fasse partie de notre pratique quotidienne pour nos diabétiques, hypertendus, obèses…. Méfions-nous qu’un jour le législateur ou les organismes payeurs exigent de nos patients une soumission à des injonctions de soins, et des soignants des objectifs chiffrés de critères à atteindre (c’est déjà le cas avec la Rosp), faute de quoi ils ne seraient plus pris en charge. Ce n’est pas de la fiction, c’est déjà arrivé en Angleterre pour un patient coronarien qui n’a pas bénéficié d’un pontage au motif qu’il ne parvenait pas à cesser de fumer…Peut-être que pour ce patient l’état d’esprit de réduction des risques et des dommages aurait permis des soins et une approche somme toute plus humaine et de sauver cette personne.
Dr Pierre Voisin, Guidel (Morbihan)
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