Sophie Martos 20.04.2016
Après avoir corrigé, dans une tribune, les parlementaires au sujet des déserts médicaux, le créatif Pr Guy Vallancien s'attaque désormais aux études de médecine, en préconisant une réforme radicale.
Dans une lettre ouverte* adressée à la conférence des doyens, le chirugien-urologue, professeur à l'Université Paris-Descartes, presse les universitaires de revoir le cursus médical de A à Z. Selon lui, le schéma d'apprentissage du métier de médecin au XXIe siècle doit muter« en urgence » pour répondre à la fois aux nouveaux besoins des patients et à l'expansion des nouvelles technologies.
Double sélection post-bac
Dans sa feuille de route, le Pr Vallancien recommande de sélectionner les futurs carabins à l'entrée de faculté sur « les notes du baccalauréat » et sur « un oral d'orientation ». Objectif : mettre fin « au massacre » du concours de la PACES.
Après ce premier écrémage, les lycéens issus des filières généralistes mais aussi des bacs pro s'inscriraient d'emblée dans une filière choisie parmi la médecine, les soins infirmiers, la pharmacie, l'odontologie, la maïeutique et kinésithérapie.
Le chirurgien suggère également de réviser le fond du programme. Dès la première année, les carabins plancheraient sur des matières classiques – anatomie, biologie, physique, statistiques... – mais aussi de nouvelles dont les sciences informatiques, la psychologie, l'art de la communication, l'organisation du système de santé ou l'éthique médicale !
Raccourcir les études, supprimer les ECN...
Afin d'avoir des praticiens opérationnels dès la fin des études, le Pr Vallancien privilégie un cursus plus professionnalisant (avec des enseignements sur la « pratique »).
Dès la deuxième année, ils pourront se former en pharmacologie. Au programme également, les matériels et dispositifs médicaux implantables, les objets connectés, l'art de la consultation et de l'examen clinique ou encore la prévention. Les stages ambulatoires devront se renforcer dans les cabinets de ville, en clinique, dans les centres et maisons de santé.
Le Pr Vallancien estime que les épreuves classantes nationales (ECN) n'ont plus lieu d'être, jugées « trop coûteuses, injustes et peu discriminantes ». Elles devront donc céder la place à un mastère dans lequel les candidats choisiront immédiatement une spécialité selon les notes et évaluations des années précédentes, en vertu d'un principe de contrôle continu (QCM, région par région, sur les deux dernières années de licence).
De nouvelles spécialités devront être ajoutées comme la « médecine globale » ou « la recherche et industrie ». Dans ce schéma, les études se termineraient par un doctorat de trois ans composé de formations diagnostique, thérapeutique, juridique et comptable. La thèse serait « sous la forme d'un examen pratique de consultation », détaille-t-il.
L'ANEMF balaie plusieurs pistes
Joint ce mercredi par « le Quotidien », Sébastien Foucher, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), exprime son désaccord. « Déterminer si le projet et la motivation d'un lycéen sont adéquats ou non avec un oral, cela me paraît impossible, souligne-t-il. Plus une sélection est précoce, plus elle est basée sur les critères sociaux. Or les expérimentations PACES souhaitent diversifier les profils ».
Concernant les ECN, l'ANEMF estime qu'il sera difficile de les supprimer. « Étudier le tronc commun de médecine en trois ans et se spécialiser à partir de la 4e année, c'est trop court ! », poursuit son président.
Il souligne que le syndicat s'est déjà positionné pour un certificat de compétences cliniques « pré-ECN » afin de vérifier les compétences des carabins avant l'internat. « Je partage la nécessité de réformer les études de médecine comme le Pr Vallancien, mais il ne faut pas se précipiter. Cela va être une réforme complexe », conclut le président de l'ANEMF.
* Publiée sur Generation Libre, un think thank libéral
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