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dimanche 18 octobre 2015

C’est arrivé le 17 octobre 1840 Séguin ouvre une école pour les attardés mentaux

17.10.2015

Surnommé « l’instituteur des idiots » par ses détracteurs, Eugène Séguin est issu d’une longue lignée de médecins, son père ayant notamment été un compagnon d’Itard, le praticien qui s’occupa de Victor, « l’enfant sauvage » de l’Aveyron. Né le 28 janvier 1812 à Clamecy (Yonne), il fit ses études au collège à Auxerre puis au lycée Saint-Louis à Paris, avant d'étudier la médecine et la chirurgie.

Très tôt, il s'intéressa aux maladies mentales, assistant notamment Jean-Marc Itard et Jean Étienne Esquirol. Ce dernier ayant dit que les idiots sont incurables, il voulut démontrer le contraire. il rééduqua un enfant, publia son expérience (signée par Esquirol) et il fut appelé à appliquer sa méthode à l'hospice « des incurables ». En 1840, il fut chargé de l'instruction des enfants idiots à Bicêtre où il travaillait avec le Dr Félix Voisin, mais il ne fut pas admis à rester. Du coup, il fonda à Paris, à Pigalle le premier établissement destiné aux enfants attardés mentaux…


Séguin s’était toujours montré très critique vis-à-vis de l’enseignement ordinaire, écrivant : « La société, pas plus que la médecine, ne saurait se contenter plus longtemps des pratiques mnémotechniques qui, en dehors et sous le couvert de l’université négligent l’éducation des fonctions, l’éducation des facultés, l’éducation des aptitudes, l’éducation du sens moral et artistique et réduisent au sevrage constitutionnel le plus complet en frappant d'incapacité radicale toutes les facultés spontanées et applicables de la jeunesse vivace. »

Une méthode de traitement reprise dans l’Europe entière

L’“instituteur des idiots ” appliqua donc sa propre méthode de traitement, qui sera largement reprise par la suite en France mais aussi dans l’Europe entière, fondée sur l'hypothèse alors révolutionnaire que les « idiots » n'étaient atteints ni de maladie ni d'anomalies cérébrales, mais qu'ils avaient seulement été frappés d'un arrêt du développement mental, avant, pendant ou après la naissance.

Le traitement préconisé par Séguin consistait en un entraînement sensoriel destiné à permettre à l’enfant de parvenir à l'insertion sociale. Il publia en 1846 un premier ouvrage « Traitement moral, hygiène et éducation des idiots », devenu un classique en psychologie où il écrit : « l’enfant idiot est infirme dans le mouvement, la sensibilité, la perception et le raisonnement, l’affection et la volonté, c’est par l’éducation que l’on doit réparer cela » […] « Plusieurs phénomènes sont mieux appréciés par notre sensibilité, d’autres par notre jugement. 

En ce qui concerne l’enfant, sa capacité à recevoir les impressions sympathiques est antérieure à sa capacité à former des jugements rationnels, et si on l’exerce à raisonner ses impressions avant de les avoir bien pu ressentir, son appareil émotionnel se trouvera fort émoussé ».

En proie à des soucis financiers, Séguin émigra aux États-Unis en 1851 s'installant d'abord dans l'Ohio puis à New York avant de fonder en 1860 sa propre maison d'éducation à Mont Vernon. En 1866, il publia un deuxième ouvrage : « L'Idiotie : ses traitements par la méthode physiologique » où il persista à défendre bec et ongles sa méthode d'entraînement sensorimoteur.

Eugène Séguin mourut en 1880 à New York.

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