Premier jour de stage, laïus du patron aux internes : « Bon, les filles, j’espère que personne ne compte tomber enceinte ce semestre ! »C’est l’un des dizaines de témoignages publiés par La Boutonnologue(@boutonnologue) sur son blog (2 garçons, 1 fille). Le billet, intitulé « Venez comme vous êtes (mais sans votre utérus) » a été mis en ligne dimanche 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Cette dermatologue, praticien hospitalier, avait lancé un appel surTwitter et sur Facebook, il y a une dizaine de jours, auprès des professionnels de santé. Objectif : recueillir des témoignages sur le sexisme en milieu médical. Non pas le sexisme macho (pourtant courant) mais celui touchant au droit des femmes, à leur maternité et à leur rôle de mère.
Résultat : le médecin a collecté plusieurs dizaines de témoignages, émanant principalement de femmes, quelquefois d’hommes, parfois victimes de remarques sexistes comme ce médecin, de retour de congé paternité, qui s’entend dire de son chef de service : « Mais je ne comprends pas… C’est votre femme ou vous qui avez accouché ? »
Quelques témoignages publiés par la Boutonnologue
- Mon directeur de thèse de science à qui j’annonce que je suis hospitalisée pour menace d’accouchement prématuré :
« Ahh ? Ohhh. Et tu vas pouvoir quand même avancer sur ta thèse ? »
- J’ai eu une césarienne pour rupture utérine, il y a exactement dix jours, je bosse mon mémoire de Master 2 avec mon directeur de recherche à l’hôpital, depuis exactement neuf heures :
« Bon, tu me fais peine là, t’es toute blanche, tu te tortilles de douleur sur ton siège depuis tout à l’heure, ça me crispe. Alors fais quelque chose. Monte dans le service, fais-toi refaire un pansement propre, demande un Skénan® et reviens quand ça ira mieux. »
- Le doyen de la fac en conseil d’UFR :
« On va leur apprendre à prendre la pilule à ces filles si elles ne savent pas le faire. »
« Cela suggère que ce ne sont pas des cas isolés, confie Laboutonnologue au « Quotidien ». C’est une ambiance que l’on retrouve dans le monde médical, mais pas seulement. Je crois cependant que le milieu est en retard sur le thème de la maternité, des droits de la femme… »
Le sexisme n’est pas l’apanage des hommes, constate la praticienne. « Les femmes ne sont pas plus indulgentes envers leurs consœurs, bien au contraire. Celles qui sont au pouvoir, nos chefs de service, en ont tellement bavé à leur époque, qu’elles reproduisent le même modèle sur le registre du "J’ai tout sacrifié, j’en ai bavé, ce sera pareil pour toi ". »
La féminisation en cours de la profession peut-elle changer les choses ?« J’espère que cela va évoluer dans le bon sens. J’ai le sentiment que les nouvelles générations sont plus ouvertes, aussi bien les femmes que les hommes, qui ne considèrent plus que " la garde d’un enfant malade, c’est forcément la galère des femmes " ».
S. L.
Lire le billet de La boutonnologue en ligne.
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