Face au fardeau économique que représentent les problèmes de santé mentale en Europe et à leurs conséquences sociales, l'OCDE recommande aux pouvoirs publics dans un rapport publié le 4 mars 2015 d'intervenir plus tôt et de mieux coordonner les acteurs afin d'aider les personnes atteintes de troubles à trouver du travail et à le garder.
Les problèmes de santé mentale présentent un coût élevé pour les particuliers, les employeurs et la société, "évalué à 3,5% du produit intérieur brut en Europe", constate l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport (en anglais), publié le 4 mars dernier et intitulé Bien-être mental, bien-être au travail – Santé mentale et emploi : de l’observation à la pratique. Ainsi, entre 30 et 40% environ des cas de maladie et d'invalidité dans les pays de l'OCDE sont liés à des troubles mentaux. "Pour les personnes concernées, les conséquences sont lourdes, indique l'organisation dans un communiqué relatif à la publication. Les individus atteints de troubles légers à modérés, tels que l’anxiété ou la dépression, sont deux fois plus susceptibles d’être au chômage et risquent également bien davantage de connaître la pauvreté et la marginalisation sociale." À l’occasion de la conférence de présentation du rapport à La Haye, le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, a indiqué que "les responsables de l’action publique peinent à réagir. Une impulsion politique forte est nécessaire pour diriger les réformes et s’attaquer à cette question." En pratique, il faudrait que les services de santé et de l’emploi interviennent plus tôt, mettent à contribution les principaux acteurs et fassent en sorte de travailler ensemble afin d’aider les personnes atteintes de troubles mentaux à trouver du travail et à le garder.
Jusqu'à dix ans entre l'apparition des troubles et la prise en charge
Malgré une prise de conscience croissante du problème dans la société, la stigmatisation des personnes touchées est toujours considérable. Sans compter qu'il peut souvent s’écouler plus de dix ans entre l’apparition des troubles et le premier traitement dans la plupart des pays. Les jeunes sont les moins bien suivis et les temps d’attente, très longs pour obtenir une consultation, "devraient être aussi courts que possible". "Toute mesure prise pendant la scolarité ou en entreprise aura un impact plus profond et plus durable que d’attendre que les personnes atteintes aient abandonné leurs études ou quitté leur travail", souligne l'OCDE. Si une charge de travail et un stress importants peuvent aggraver les troubles mentaux, les données montrent que la poursuite des études ou le maintien en poste sont bénéfiques si un soutien adapté est proposé. "À l’école, l’investissement dans des programmes de santé mentale et la présence de professionnels formés à cette problématique ont prouvé leur efficacité", note-t-elle.
Une réorientation des politiques à mettre en place
L'objectif du rapport est "d’identifier les éléments clés de la transformation à opérer pour disposer d’une main-d’œuvre plus résiliente sur le plan mental et améliorer l’intégration sur le marché du travail des personnes souffrant d’une mauvaise santé mentale", détaille l'OCDE dans son cadre d'action. En bref, elle explique quand, comment et avec qui les pouvoirs publics doivent mettre en place une réorientation de leurs politiques.
Ainsi l'organisation leur recommande :
- de "se concentrer sur la prévention, l'identification précoce et l'action immédiate" ;
- d'améliorer la coordination des différentes institutions dont les "mesures incitatives, les obligations et les procédures sont éparses et contradictoires" ;
- de mieux exploiter l'influence des acteurs de première ligne comme les enseignants, les gestionnaires, les médecins généralistes et les conseillers en emploi qui sont "les mieux placés pour apporter une aide précoce à ceux qui en ont besoin".
Et ce en prenant des mesures dans les domaines suivants :
- l’éducation, pour atteindre des résultats optimaux et réussir la transition de l’école au travail ;
- les pratiques au travail, pour assurer un niveau élevé de productivité et le maintien dans l’emploi ;
- les prestations sociales, pour favoriser un retour au travail rapide et durable ;
- la santé, pour proposer des traitements accessibles en considérant l’emploi comme un résultat souhaitable.
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