« Le radium au service de la beauté par la santé de la peau. » Ce slogan publicitaire ferait sourire aujourd’hui. Il était pourtant l’argument de vente numéro un de la crème Tho-Radia, à base de radium (heureusement utilisé à des doses infimes) dans les années 30. Le produit, inventé par un pharmacien, fut interdit après 1960.
À cette époque, les industriels vantent les mérites de la radioactivité et du radium, dont les vertus semblent infinies : guérison des maladies chroniques, des problèmes de peau, disparition des rides, revitalisation, purification de l’eau…
Les organismes de contrôle n’existent pas encore, l’industrie pharmaceutique est balbutiante et loin de répondre aux critères scientifiques d’aujourd’hui. Les publicitaires ont le champ libre pour vendre leurs produits miracles, usant d’arguments fantaisistes et exploitant nos ignorances, notre naïveté et nos espoirs.
C’est cette histoire que raconte le livre d’Annie Pastor, « Les pubs que vous ne verrez plus jamais, Tome 3 spécial santé » (*), en librairie dès le 25 septembre.
« Fumer est bon pour la santé »
Cet ouvrage de 160 pages, agréable à feuilleter, compile 100 ans de réclames « délirantes, trompeuses, farfelues, mensongères, voire mortelles sur l’alimentation, les médicaments, et les traitements en tout genre ».
Les trouvailles sont nombreuses et certaines campagnes du siècle dernier ont de quoi faire hurler les professionnels de santé. À l’époque, « plus de viande, plus de gras, plus de sucre sont vantés comme une alimentation saine », souligneAnnie Pastor. Les sodas soignent les problèmes d’estomac, les maladies des reins, de la vésicule, les indigestions, et la goutte…
La bière donne aux enfants de bonnes joues, le vin combat la dépression et la cigarette revigore, calme l’irritabilité et les maux de gorge quand elle ne lutte pas contre l’asthme.
Les médecins mis à contribution
Pour mieux convaincre, les médecins (et les hôpitaux) sont parfois mis à contribution, comme dans ces campagnes de Camel et de Canada Dry, datant d’après-guerre. Les polémiques autour de certains médicaments, dont le Mediator, ne sont pas oubliées. On repérera au passage une petite imprécision sur le vaccin Gardasil, qui ne serait plus recommandé aux États-Unis.
De nombreuses réclames sont anglophones mais l’auteur a le souci de traduire l’essentiel des messages et de distiller au fil des pages quelques commentaires piquants. L’ouvrage se clôt sur la dangerosité des produits chimiques et la « santé environnementale ». Dans ce domaine, rien ne dit que les publicités actuelles ne prêteront pas à sourire dans quelques années. Les scandales sanitaires ne sont pas une exclusivité du XXe siècle.
S. L.
(*) « Les pubs que vous ne verrez plus jamais. Tome 3. Spécial santé », de Annie Pastor, aux éditions Hugo Desinge. 14,99 euros.
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