L’annonce faite à Ste Anne, d’un nouveau cours de déstigmatisation et de relance du secteur est comme une façade austère qu’on anime par des scènes ou des paysages colorés, tout en masquant l’architecture, l’espace et l’aménagement à l’arrière. C’est le principe du trompe l’œil, qui sous couvert de réhabilitation pérennise un discours de pouvoir dont les effets antérieurs ont été catastrophiques, pour les soignants, les usagers, la société et les protections solidaires. Elle est pourtant celle du discours de la ministre de la santé Marisol Touraine prononcé sur sa politique de santé mentale et de psychiatrie, dans une ébauche d’évolution de l’article 12 du projet de loi santé, dont la date vient opportunément le lendemain du 23 où s’est déroulé un rassemblement très combattif de la coordination des hôpitaux en lutte, dont un grand nombre d’établissements psychiatriques.
Ce discours donne effectivement du grain à moudre à la corporation des psychiatres pour l’inciter à apliquer une politique dénoncée par le reste des personnels le 23. Il a donc été propice à la tentation d’y déceler un contre-discours à celui prononcé par Nicolas Sarkozy à Antony en 2008, dans la réaction du représentant des présidents de CME, et d’au moins de 2 syndicats de psychiatres.
Or, ce discours est concrètement à analyser dans le réel de l’état actuel de la psychiatrie publique, dans la dégradation des dispositifs et des pratiques de soin qui entraîne colère et désespérance de nombre de soignants, mais aussi alimente l’inquiétude ambiante des usagers et de leurs familles et, au-delà, de l’ensemble de la société pour sa protection sociale solidaire. Son appel à un retour généraliste à la politique de secteur interroge : de quel secteur il s’agit-il ? De quelle déstigmatisation ? De quelles gouvernances ? Quelle politique de santé mentale et quelle loi spécifique ? Avec qui et comment construire nos réponses ?
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