Le service de psychiatrie de l’hôpital Sainte-Anne s’est doté d’un casque de réalité virtuelle. Il s’inscrit dans un projet de recherche sur le syndrome de stress post-traumatique
Il est léger, permet de se déplacer naturellement dans l'espace avec un simple mouvement de la tête, et relève d'une haute technologie américaine. Grâce à l'Association générale de prévoyance militaire (AGPM) via son comité de solidarité, ce casque de réalité virtuelle est désormais dans les mains du professeur Patrick Clervoy, chef du service psychiatrie de l'hôpital d'instruction des armées (HIA) Sainte-Anne, et du docteur Pierre-François Rousseau, médecin interne en psychiatrie.
« Il remplace les impressions que la personne ne pourrait pas recréer autrement. La réalité virtuelle a déjà montré son efficacité à titre thérapeutique dans le civil, notamment dans le traitement des phobies comme la peur de l'avion, ou en relaxation pour des troubles anxieux compulsifs, la dépression et un peu, à titre expérimental, la schizophrénie », confiait, à l'issue de la remise du casque, au siège de l'AGPM, le Dr Eric Malbos du service de psychiatrie du Pr. Lançon au CHU Conception de Marseille.
Stress aigu et prolongé
L'utilisation de cette haute technologie trouve sa raison d'être pour des militaires engagés notamment en opérations extérieures. Le militaire va revivre, dans des conditions de sécurité, les événements grâce à la technique de la réalité virtuelle qui le projette dans un environnement qui le met en situation de stress.
Objectif de l'HIA, associé à deux instituts* : s'inscrire dans un protocole de recherche sur le traitement du syndrome du stress post-traumatique, baptisé dans le jargon médical PTSD (Post-Traumatic Stress Disorder).
Un militaire, en mission va être victime d'un stress aigu - « trop prolongé, trop intense, ou face à un événement pour lequel il n'est pas préparé. De fait, les capacités du corps sont dépassées », explique le professeur Patrick Clervoy, un des experts français en ce domaine.
Un syndrome pour lequel les difficultés de prise en charge ne peuvent être niées. Et ce, pour deux raisons : «les blessures psychiques sont invisibles et elles se déclarent quelques jours, quelques mois après l'événement traumatisant, puis disparaissent et réapparaissent plusieurs années après. »
Aussi, le projet scientifique avec un groupe de patients volontaires dans le second trimestre 2015 (lire ci-dessous) trouve sa raison d'être avec la multiplication des opérations extérieures (Yougoslavie, Afghanistan, Mali...). Près d'un millier de soldats était traité, en 2014, pour un stress post-traumatique.
*L'Institut de recherche biomédicale des armées à Bretigny-sur-Orges et l'institut du CNRS, de neurosciences de la Timone à Marseille, avec en particulier le Dr Stéphanie Khalfa ; le Dr Malbos, spécialiste en lien étroit avec le Dr Rousseau.
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