Après Montpellier et Clermont-Ferrand, des étudiants ont manifesté à Paris vendredi afin d’alerter les pouvoirs publics.
L’enjeu des stages pour les étudiants en social
Educateurs spécialisés ou de jeunes enfants, moniteurs animateurs, assistantes sociales, conseillers en économie familiale… Tous suivent des formations en alternance où les périodes d’études succèdent à des stages qui peuvent durer jusqu’à six mois. Et ils ne peuvent décrocher leurs diplômes sans avoir validé ces périodes de terrain.
Or, avec la loi qui rend obligatoire de payer les stages à partir de deux mois, les étudiants en travail social ont de plus en plus de mal à en dénicher, ce qui met en péril leurs formations. Dans un premier temps, les collectivités territoriales qui financent de nombreuses associations et structures sociales, ainsi que les institutions de santé avaient obtenu une dérogation dans le cadre de la loi de 2006 instaurant la rétribution des stages. Mais, en 2013, elles y avaient été soumises à leur tour. Les étudiants ont commencé à ramer. «Aujourd’hui, 39% des étudiants de notre centre, l’institut régional de travail social de Montrouge, n’ont toujours pas de lieu de stage», s’inquiète Elena, en première année. Elle était dans la délégation reçue lundi, par des représentants de la direction de la Jeunesse et des Sports, de l’agence régionale de santé et du ministère des Affaires sociales. «Malheureusement, cela n’a pas beaucoup avancé, on nous a parlé d’un assouplissement au cas où, à l’issue de leurs études, les étudiants n’avaient pas réussi à faire tous les stages requis», a-t-elle expliqué avant une assemblée générale devant décider de la suite du mouvement auquel participent plusieurs écoles d’Ile-de-France.
Ce que dit la loi du 10 juillet
Plutôt bien accueilli, le texte simplifie l’amoncellement de lois et de décrets sur la question. Surtout, il améliore le statut des stagiaires qui ont désormais droit à des tickets restaurant et à des indemnités transports, ainsi qu’à des congés maladie ou maternité. Il leur apporte aussi des garanties contre les dérives - les étudiants seront mieux encadrés dans les entreprises qui ne devront pas dépasser un nombre de stagiaires, ils auront le même temps de travail que les salariés…
Pour les étudiants en social, la loi ne fait que reprendre l’obligation pour toutes les structures les employant de les rétribuer à partir de deux mois. Or, ces structures - crèches municipales, associations financées par les départements ou par l’Etat… - se plaignent de ne pas avoir reçu de dotations supplémentaires comme il était prévu, ce qui les contraint à réduire leur nombre de stagiaires. D’après les étudiants mobilisés, ces fonds seraient bloqués car la loi n’a toujours pas de décret d’application.«Lors de la réunion, on nous a indiqué que ce décret serait sans doute publié d’ici à la fin novembre, ce qui devrait permettre de débloquer les 5,3 millions d’euros promis, mais ce ne sera pas suffisant», explique Elena.
Les moyens financiers au cœur du problème
Les protestataires réclament le déblocage de 70 millions d’euros, la somme nécessaire, selon eux, pour payer les stages des 21 000 étudiants en travail social. L’Etat conteste ces calculs et assure que les 5,3 millions d’euros seront suffisants, une partie des stages étant déjà rétribués. «Ces crédits sont déjà disponibles. Ils sont alloués au cas par cas, mais certains organismes ne sont pas informés, explique-t-on au secrétariat à l’Enseignement supérieur. Derrière, il y a aussi la tentative des associations de revenir sur la gratification des stages.» Les étudiants nourrissent une autre crainte : qu’à cette occasion leurs formations en alternance soient revues. Ce qui serait un comble à l’heure où le gouvernement vante l’apprentissage.
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