Argumentaire
L’image joue un grand rôle dans le monde animal et
l’éthologie vient nous dire que l’empreinte
imaginaire dépend aussi bien de l’inné que de l’acquis. On voit par exemple
(Lorenz) l’animal se mettre à dépendre de l’homme qui l’a nourri et élevé. Dans ses « Formulations sur les deux principes de la vie psychique », Freud, de façon très convaincante, décrit un nouveau-né hallucinant le sein et rencontrant l’échec de cette opération. L’hallucination, impuissante à apporter la satisfaction attendue, force l’enfant à passer par une épreuve de réalité. Freud suppose alors la mise en place de trois choses : la mise en fonction des organes des sens, de l’attention, et d’un système de marques.[1] Notons que cette satisfaction hallucinatoire est sans doute la première prise dans l’imaginaire à quoi l’être humain est confronté : ici, par le biais d’un objet partiel, le sein.
L’accession, très tôt par rapport à ses capacités
motrices, de l’enfant à son image spéculaire, a été décrite par Wallon en 1930.
Normalien, agrégé de philosophie, puis psychiatre, Wallon avait soutenu sa
thèse sur le délire de persécution, une forme d’aliénation où les phénomènes
imaginaires sont particulièrement mis en valeur. Lacan reprend ces travaux pour
décrire en 1936 le fameux stade du miroir où l’enfant s’identifie en s’aliénant
du même mouvement à l’image, en même temps qu’il cherche l’assentiment de
l’Autre et qu’il jubile. Cette appropriation de l’image comme sienne est un
long travail, les phénomènes de transitivisme montrant le pouvoir conservé de
l’aliénation par l’image : l’enfant qui voit l’autre tomber pleure, celui
qui frappe considère que l’autre l’a battu. Cette aliénation vient dire que
c’est « dans l’autre que le sujet s’identifie et même s’éprouve tout
d’abord.
»[2] À l’adolescence, nous trouvons, dans le même registre, l’épidémie de suicide du pensionnat, chacune des jeunes filles s’identifiant au désespoir de l’une d’entre elles. Plus tard encore, on trouve les phénomènes de contamination de masse depuis les convulsionnaires de la St Médard en passant par les mouvements de foule les plus divers et les plus variés. Nous avons à cœur, dans nos services, d’éviter ces phénomènes de contamination imaginaire, sachant combien un maniaque suffit à transformer à lui tout seul l’ambiance d’un pavillon, mais, au plus simple, mesurant combien nos patients sont sensibles à la façon dont on leur parle, les phénomènes de miroir pouvant aller jusqu’à l’échopraxie.
»[2] À l’adolescence, nous trouvons, dans le même registre, l’épidémie de suicide du pensionnat, chacune des jeunes filles s’identifiant au désespoir de l’une d’entre elles. Plus tard encore, on trouve les phénomènes de contamination de masse depuis les convulsionnaires de la St Médard en passant par les mouvements de foule les plus divers et les plus variés. Nous avons à cœur, dans nos services, d’éviter ces phénomènes de contamination imaginaire, sachant combien un maniaque suffit à transformer à lui tout seul l’ambiance d’un pavillon, mais, au plus simple, mesurant combien nos patients sont sensibles à la façon dont on leur parle, les phénomènes de miroir pouvant aller jusqu’à l’échopraxie.
Lacan débat avec deux autres normaliens : Sartre,
dont L’imaginaire est publié en 1940,
et Merleau Ponty dont la Phénoménologie
de la perception sort en 1944. L’image se fait trompeuse, il faut
distinguer l’image réelle de l’image virtuelle, la perception paraissait dépendre
étroitement de l’acte de percevoir, l’image va être structurée par le
symbolique. Lacan, prenant appui sur Hegel puis Heidegger s’éloigne de Merleau
Ponty avec ce primat du symbolique sur l’imaginaire.
Imaginaire, symbolique, manque le réel dont Lacan fait
l’impossible à supporter. Comment situer les rapports du réel et de
l’imaginaire ?
Avec la construction de l’objet pulsionnel (le regard
est ajouté par Lacan à la liste des objets pulsionnels), l’image doit être
trouée, décomplétée, sinon elle vous regarde. La castration doit avoir fait son
travail sur l’objet scopique, le regard, sous peine que ce dernier vienne supplémenter
l’image du monde. Dans ce dernier cas la persécution scopique est garantie, formant
un des signes les plus constants des psychoses. Le regard ajouté à l’image,
cela peut aller jusqu’au délire d’observation, la certitude délirante d’être
sous les caméras dans les gestes les plus intimes de sa vie, voire que l’image
dans le miroir prenne vie dans certains cas de psychose infantile. Mais Freud
le faisait remarquer dans « L’inquiétante étrangeté »,[3]
parfois, l’image du plus familier (heim)
acquière cette touche inquiétante d’unheimliche,
d’étrangeté angoissante où une touche de réel vient se manifester dont
l’angoisse est la traduction manifeste.
L’imaginaire, c’est aussi la matière des délires comme
des rêves, matière propre à toutes les inventions, matière qui a le pouvoir de
rendre incertains tous les semblants les mieux établis : sexe, filiation, corps,
race, etc.
L’imaginaire a une affinité avec le corps, ce que
l’hystérique incarne avec son bras dont la paralysie ne suit pas les
territoires anatomiques, mais aussi bien l’hypocondriaque embarrassé de la
turgescence d’un organe.
Enfin, l’image peut constituer un voile à l’horreur,
une suppléance, voire une prothèse quand elle prend la figure d’un proche dont
la fonction d’étayage est patente. Nous aurons à cœur d’en mesurer ces aspects
thérapeutiques.
D. Wintrebert
[1] Freud S., « Formulations sur les deux
principes du cours des événements psychiques », Résultats, Idées, Problèmes, 1, 1890-1920, PUF, Paris 1984, p.137
[2] Lacan J., « Propos sur la causalité
psychique », Écrits, Seuil,
1966, p.181
[3] Freud S., « L’inquiétante
étrangeté », L’inquiétante étrangeté
et autres essais, Folio, Gallimard 1985, p.209-263
Programme
8h45 - Accueil
9h15 Ouverture de la journée – Mme Nathalie PEYNEGRE, directrice du CHM
Introduction – Dr Dominique WINTREBERT, CHM, chef du Pôle 94G02
9h30 - Première table ronde : « L’Imaginaire dans l’histoire de la
psychiatrie »
Président : Dr Ghislaine
BENDJENANA CHM, chef du Pôle 94G01
Discutant : Dr Jacques GLIKMAN, CHM, chef du Pôle 94G05
Pr. Jean GARRABÉ, psychiatre, historien
« De la clinique de
l'image à la clinique de la parole : naissance de la psychopathologie »
Dr Jérémie SINZELLE,
historien
« L’imaginaire
dans les classifications psychiatriques »
10h30 - Pause
11h - Deuxième table ronde : « Rêves, fantasmes, délires »
Président : Dr Hugues BOURAT, CHM, chef du Pôle 94G03
Discutants : Clémence THOMAZO, psychologue, CHM, Pôle 94G02
et Roseline GRANGIÉ, CHM, cadre
du Pôle 94G02
Clotilde
LEGUIL, philosophe, psychanalyste
« Vérité et fiction en psychanalyse »
Philippe KAENEL, responsable de l’exposition « Gustave
Doré, L’imaginaire au pouvoir » au Musée d’Orsay
« Le rêve romantique : caricatures et récits graphiques »
Gérard KLEIN,
écrivain de science-fiction :
« L’inconscient et la science-fiction »
13h - Déjeuner
14h - Interlude
artistique - « Les flibustiers de l’imaginaire »
14h30 - Troisième table ronde :
« L’imaginaire chez l’enfant et dans
la clinique pédopsychiatrique »
Président : Dr Catherine DELMAS, CHIC, chef du Pôle pédopsychiatrique 94I02
Discutants : Dr Leila BOUCHENTOUF, CHM, psychiatre au Pôle 94G02
et Abdenour KHELIL, CHM, cadre du
Pôle 94G03
Dr Tristan
GARCIA-FONS, pédopsychiatre
« Imagerie de l'enfance vs imagination de
l'enfant »
Dr Patrick ALECIAN, psychiatre de l’adolescent
« L'imaginaire des adultes est il en
guerre contre les adolescents ? »
Martine de
MAXIMY, juge des enfants
« Le juge des enfants et l’imaginaire »
15h45 - Pause
16h15 -
Quatrième table ronde : « L’Imaginaire
dans la vie institutionnelle et chez le soignant »
Président : Dr Parviz DENIS, CHM, chef du Pôle 94G04
Discutants : Paula PROUHEZE, CHM, cadre du Pôle 94G04
et Patrick TOUZET, CHM, cadre de
santé, Pôle 94G02
Dr Bernard SEYNHAEVE, psychanalyste, ancien directeur du
« Courtil », Institution pour enfants autistes et psychotiques, Belgique
"Le monde des êtres parlants est fait à l'image de leur
corps"
Dr Christophe Du FONTBARÉ,
psychiatre, Clinique de La Borde
" La psychothérapie institutionnelle bien souvent chassée par
la porte, peut-elle revenir par la fenêtre ?
17h15 -
Conclusion de la journée – Dr Agnès GUÉRIN, CHM, présidente de la CME
Inscription et renseignements
- auprès du secrétariat du 2ème secteur 01 45 93 71 83 - ou par mail : aspic@ch-les-murets.fr
- ou par Fax : 01 45 93 71 04
- auprès du secrétariat du 2ème secteur 01 45 93 71 83 - ou par mail : aspic@ch-les-murets.fr
- ou par Fax : 01 45 93 71 04
- Personnel du CH Les Murets, invité sur inscription
- Inscription individuelle :
- Inscription Formation Continue :
- Etudiant :
Repas de midi offert sur place
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- Etudiant :
Repas de midi offert sur place
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