Il existe des preuves concordantes indiquant qu’un vécu douloureux dans l’enfance est associé à un risque accru de psychose par la suite. On consacre cependant peu de recherches aux facteurs susceptibles d’augmenter ou de réduire ce risque lié à une enfance difficile, même s’il est admis à ce sujet que la perte précoce d’un parent, un délaissement (neglect) ou des antécédents d’agression sexuelle peuvent « multiplier ce risque de psychose par un facteur 2 à 3. »
Issue d’une collaboration entre des chercheurs des États-Unis et de Grande-Bretagne, une nouvelle étude évalue cette influence préjudiciable des événements traumatisants dans l’enfance et leur synergie avec la consommation ultérieure de cannabis dans l’accroissement du risque psychotique. Portant sur 1 680 personnes, les données recueillies émanent de l’étude épidémiologique SELCoH (South East London Community Health Study, étude sur la santé de la communauté du sud-est londonien) [1].
Cette enquête apporte des « preuves convaincantes » sur la responsabilité combinée d’un traumatisme infantile et d’événements ultérieurs dans « l’augmentation du risque d’expérience psychotique, au-delà de leurs effets respectifs individuels. » Le rôle de l’usage du cannabis (dans l’année précédente) est aussi confirmé à ce propos, « mais à un degré plus faible ». Pour les auteurs, ces résultats sont compatibles avec l’hypothèse qu’un traumatisme dans l’enfance « suscite une vulnérabilité persistante à l’égard de la psychose », laquelle peut se concrétiser ensuite, en cas d’exposition à d’autres situations stressantes ou à d’autres facteurs de risque au cours de l’existence. Il est très important de ne pas méconnaître ces éléments du contexte biographique, pour agir plus efficacement en matière de prévention et de traitement, en particulier pour « mieux identifier des groupes à risque et intervenir pour encourager la résilience. »
Dr Alain Cohen
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