Malgré les progrès scientifiques et technologiques, malgré la fin de la guerre froide Est-Ouest et les crises qu’elle entretenait sur la planète, on estime que les conflits persistants forcent « environ 44 millions de personnes » (dont « 30 à 55 % » ont moins de 18 ans) à se déplacer suite aux persécutions, voire aux risques vitaux. On pourrait penser, a priori, que ces populations de réfugiés tendent plutôt à se diriger massivement vers des pays riches. Mais au contraire, les pays à faible niveau de vie (dits autrefois « sous-développés » ou, par moindre stigmatisation, « en voie de développement ») accueillent « 80 % des réfugiés dans le monde. » Aux réfugiés « classiques » pour des raisons politiques (persécutés pour leurs convictions morales, religieuses ou idéologiques) s’ajoutent d’ailleurs les réfugiés économiques (quittant des contrées où ils s’estiment dépourvus de toute perspective d’avenir) et, désormais, des réfugiés dits « climatiques » (fuyant les « dérèglements de la planète », comme le risque de submersion de terres insulaires).
Ces populations sont donc hétérogènes mais ont pour point commun leur vulnérabilité psychologique (voire physique, en cas de fragilisation par des conditions socioéconomiques trop précaires). Si ces sujets restent surtout affectés par le fameux « syndrome de stress post-traumatique », ils peuvent aussi être concernés par d’autres troubles psychiatriques : « anxiété, dépression, conséquences somatiques de la malnutrition ou/et conséquences psychiques de la dépréciation. »
Mais, rappelle l’auteur, il faut se garder d’une « vision trop simpliste » en attribuant de façon excessive tout problème de santé mentale au vécu antérieur, même traumatique. Car le demandeur d’asile peut évidemment souffrir des mêmes pathologies que tout être humain : comorbidités, addictions, psychoses, etc. L’épreuve traversée par le réfugié constitue alors un révélateur ou un amplificateur de ces autres difficultés psychiques.
L’action des médecins se déploie « dans le contexte des besoins fondamentaux des réfugiés » : sécurité, conditions de vie, et « autres facteurs de stress » (éloignement de leurs racines, isolement, nécessité de s’adapter à une culture différente, un autre environnement, une autre langue). Pour répondre aux problématiques psychiatriques des réfugiés et des demandeurs d’asile, l’action des professionnels de santé mentale devrait, précise l’auteur, « s’intégrer étroitement » avec celle des autres intervenants, et relever le défi essentiel de « l’adaptation à l’évolution constante » de populations provenant de pays « ayant des systèmes de santé et des services sociaux différents. »
Dr Alain Cohen
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