Jeffrey Weeks : Sexualité (Presses universitaires de Lyon) / Revue Hippocampe N°10 Dossier « chambre et imaginaire »
Bien avant les mouvements sociaux liés à la sexualité, le sexe s’est constitué, selon le mot célèbre de Foucault, « comme un enjeu de vérité ». Après avoir longtemps servi à distinguer deux groupes – masculin et féminin – et à établir les pratiques érotiques appropriées à cette division en genres, le sexe en est venu à désigner une réalité plus intime et ses connotations sont devenues plus personnelles, renvoyant au désir et aux émotions qui nous sont propres et nous définissent différents les uns des autres. On parle aujourd’hui de sa sexualité. Mais les processus sociaux engagés par la polarisation des genres continuent à conditionner nos comportements et nos pensées. Le sexe biologique nous apparaît toujours comme la vérité ultime de notre identité. Homme ou femme, ce que Jeffrey Weeks appelle un « impératif biologique » situé quelque part dans les organes génitaux gouverne nos mentalités. Et c’est à déconstruire cet « essentialisme » qu’il s’emploie dans ce livre devenu un classique outre-manche et dont le moindre paradoxe n’est pas qu’il soit enfin traduit à un moment où le conservatisme « naturaliste » de la différence sexuelle se rappelle à notre souvenir dans l’espace public autour des enjeux du mariage et de la procréation pour les couples non hétérosexuels.
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