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lundi 5 mai 2014

Une visite à Sarkozy et un tour en psychiatrie

5 MAI 2014
Il est là, se tourne sur sa chaise, lève les yeux au ciel, se demande : «Mais quand est-ce que la plaisanterie va s’arrêter ?» Puis lâche devant la juge de la cour d’appel du tribunal de grande instance de Paris :«Mais quand est-ce que je vais pouvoir voir mes enfants ? Là, cela fait un mois. J’aurais préféré aller en prison, je serais sorti depuis.» Son avocat, Renan Budet, est à ses côtés : «Plus d’un mois, ainsi, en dehors de toute vie civique.»
C’était le 21 mars. M.H., 45 ans, entend à la radio Nicolas Sarkozy dire :«Je veux que l’on me traite comme un citoyen comme un autre.» Allez savoir ce qui se passe dans sa tête, M.H fait le pari d’aller devant chez lui et de vérifier la véracité de ces propos. A peine arrivé dans l’impasse où habite l’ancien président de la République, il aurait tenu, selon la police, des propos incohérents puis serait parti. Aucune violence, aucune injure. Mais quelques minutes plus tard, à quelques centaines de mètres de là, la police l’arrête et l’envoie à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris. Une décision est alors prise de l’hospitaliser contre sa volonté, «à la demande du représentant de l’Etat». Depuis ? Il est toujours interné à l’hôpital Henri-Ey du XIIIe arrondissement de Paris.
 «C’est invraisemblable, note son avocat. Pour être enfermé de cette façon, il faut qu’il y ait, selon la loi, trouble à l’ordre public ou danger sur sa personne. Or, il n’y a ni l’un ni l’autreJamais il n’a été violent, ni contre lui ni contre les autres. Il n’a aucun passé psychiatrique.» Deux semaines après son hospitalisation, un juge confirme la décision. Le mardi 22 mars, M.H. passe en appel au TGI de Paris. Il est calme, mais terriblement inquiet. «A l’hôpital, on nous traite comme des enfants. Une fois, j’ai recraché le traitement parce que j’avais fait une fausse route [gène respiratoire, ndlr]. Ils se sont rué sur moi, ils m’ont fait une piqûre et m’ont enfermé en chambre d’isolement.» A l’audience, la juge, manifestement peu au fait de ce type de dossier, lit le rapport d’expertise d’un médecin, qui souligne que l’état de M.H. s’améliore, «mais qu’il est toujours dans le déni de sa maladie». Mais quelle maladie ? Personne ne le dit. Aucun diagnostic. «Il faut qu’il reste hospitalisé», indique une avocate de la préfecture avec le même argument du «déni». Tous sont d’accord pour estimer qu’il n’y a aucun danger mais… «Moi, je veux bien prendre tous les traitements, mais qu’on me laisse sortir. J’ai assez payé pour mon pari stupide.»
Après un délibéré, la juge Isabelle Brogly a refusé de lever la décision d’hospitalisation sous contrainte de cet homme. «Il est certain que si monsieur H. interrompait brutalement les soins […], il en résulterait, compte tenu des troubles mentaux dont il n’a pas pris réellement conscience mais qui ont été constatés par divers médecins […], un risque certain pour la sûreté des personnes ou d’atteinte grave à l’ordre public, de sorte que la mainlevée de la mesure est prématurée en l’état.»
Par Éric Favereau

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