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vendredi 9 mai 2014

Les hôpitaux espagnols, victimes de l’austérité, surexploitent leurs internes

09/05/2014

Touchés par les coupes budgétaires, les hôpitaux espagnols ont subi d’importantes restrictions de personnels ces cinq dernières années.
Conséquence : les conditions de formation des internes se sont considérablement détériorées. Leurs horaires de travail s’allongent et dépassent souvent les 48 heures hebdomadaires réglementaires (37,5 heures sans les gardes). Les intéressés dénoncent leur utilisation abusive par l’administration et les chefs de services hospitaliers.

« Si les médecins en formation se mettaient à exiger de faire seulement les 48 heures par semaine inscrites dans les textes, l’administration devrait augmenter le nombre de professionnels dans les hôpitaux ; et avec les coupes budgétaires actuelles, c’est justement l’inverse qui se produit », affirme Luis Alvarez, responsable d’un syndicat médical.
En Espagne, la Sécurité sociale a perdu l’an dernier près de 150 000 affiliés dans le secteur de la santé et des services sociaux. Les départs forcés à la retraite de certains médecins hospitaliers, et le non-renouvellement de contrats temporaires ont réduit les effectifs, indépendamment du chômage des médecins qui touchait presque 4 000 professionnels en janvier dernier.

Le repos de sécurité souvent bafoué

Ainsi, dans les hôpitaux espagnols où le nombre de médecins s’est progressivement réduit, les internes ont davantage de travail. En fonction de leur nombre dans chaque service, les médecins en formation pourront se reposer après une garde – payée moins cher qu’à un praticien titulaire – seulement si leur tuteur ou leur chef de service les y autorise. Un décret royal d’octobre 2006 rappelait la règle de ce repos de sécurité : « Après 24 heures de travail ininterrompu, l’interne bénéficiera d’une période de repos de 12 heures, sauf en cas d’une formation spécialement intéressante selon le tuteur, et en cas de problèmes insurmontables d’organisation. »
Or, un interne de deuxième année en neurologie dans un grand hôpital de Madrid déclare que ses collègues, comme lui, ne peuvent régulièrement pas bénéficier de ce temps de repos, surtout quand ils travaillent dans des spécialités chirurgicales ou en gynécologie, ou même dans certaines spécialités médicales comme la cardiologie. « Le problème n’est pas seulement celui de l’organisation du service, ni même des effectifs disponibles ou de notre propre fatigue, explique-t-il.Si un interne commet une erreur après une garde alors qu’il doit être en repos, l’assurance ne prendra pas en charge sa responsabilité. »
De notre correspondant Christophe Deschamps

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