Ne faut-il voir qu’un gadget dans le « dossier de santé électronique », ou son usage en psychiatrie permet-il à l’inverse un progrès dans la qualité des soins ? C’est la question soulevée par une étude réalisée à l’Université Emory d’Atlanta (États-Unis) où les auteurs ont évalué l’incidence de ce dossier de santé électronique personnalisé sur la prise en charge de 170 patients résidant en institution psychiatrique pour un «trouble mental grave » (serious mental disorder) avec une « comorbidité somatique » (comorbid medical condition).
Lors de cette étude poursuivie pendant un an, les intéressés ont été assignés au hasard pour bénéficier soit d’un tel dossier informatisé, soit d’un dossier médical classique. L’évaluation a porté sur la qualité des soins, l’activation[1] du patient, son recours aux services médicaux, et l’impact de la santé sur la qualité de vie. On recense une utilisation de ce dossier de santé en moyenne 42 fois durant l’année de l’étude, avec un « recours accru aux services de médecine préventive » (passant de 24 % à 40 % en un an) chez les sujets disposant du dossier informatique personnalisé, alors qu’il diminue au contraire (de 25 % à 18 %) chez ceux ayant un dossier classique.
En particulier, pour les patients souffrant « d’une ou de plusieurs conditions cardiométaboliques », l’accès aux soins a « augmenté de 2 % quand ils ont un tel dossier électronique, mais diminué de 11 % avec un dossier classique », cette «différence significative entre les deux groupes » (dossier électronique personnalisé, versus dossier classique), reflétant « l’augmentation du nombre de visites auprès des médecins. » L’usage de ce dossier électronique personnalisé entraîne ainsi une «amélioration considérable de la qualité des soins et un recours accru aux services médicaux » par les patients.
Chez les personnes souffrant de maladies mentales avec des comorbidités somatiques, ce dossier informatisé pourrait donc apporter « pour un coût relativement faible, une stratégie évolutive afin d’améliorer les soins médicaux ».
[1] Évaluation des compétences des patients et de leurs capacités d’autogérer les comportements, au moyen d’un outil psychométrique développé à cet effet (Patient Activation Measure, PAM)
Dr Alain Cohen
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