Attention, débat miné en perspective. Les écologistes ont déposé un amendement à la proposition de loi sur l'autorité parentale et l'intérêt de l'enfant qui dispose que « les titulaires de l'autorité parentale ne peuvent user de châtiments corporels ou de violences physiques à l'égard de l'enfant ». Un amendement « anti-fessée » donc. La France est actuellement menacée de sanction par le Conseil de l'Europe pour ne pas avoir aboli les châtiments corporels, comme l'ont fait 34 pays dans le monde.
La législation française punit les violences contre les enfants, mais seuls les actes graves sont en général réprimés. Pas les gifles ni les fessées. Selon leurs opposants, ces dernières n'ont pourtant aucune valeur éducative et peuvent même avoir des effets délétères, car elles enseignent l'usage de la violence aux enfants.
NE PAS « CONFONDRE VIOLENCE PHYSIQUE ET ÉDUCATION »
Des études réalisées outre-Atlantique ont montré une corrélation entre le fait d'avoir subi des châtiments corporels (en excluant les cas de maltraitance) et une plus grande agressivité ultérieure, une dégradation du lien parents-enfants, une propension supérieure à maltraiter ses enfants… « Il faut cesser de confondre violence physique et éducation, justifie le député Sergio Coronado, qui a déposé l'amendement au nom du groupe EELV. La violence n'est jamais obligatoire pour assurer l'autorité parentale. » Selon cette thèse, ne pas frapper n'empêche pas de dire non.
Mais cette intrusion dans les foyers, même sous la forme d'une injonction symbolique (l'application effective de la mesure soulèverait d'importantes difficultés) serait très impopulaire. Selon les derniers sondages, 80 % des Français y seraient hostiles. En outre, certains y voient une suspicion injuste jetée sur les adultes et une atteinte à la légitimité du pouvoir parental, déjà mise à mal. Le sujet divise dans tous les camps politiques. Jusqu'à présent, les gouvernements ont toujours reculé devant l'obstacle. La proposition de loi déposée en 2009 par la pédiatre Edwige Antier, alors députée UMP, n'avait jamais été inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée.
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