Ce n'est pas une nouveauté, le monde médico-social - et celui des Ehpad - souffre d'un manque d'attractivité auprès des professionnels de santé. Ce constat a donc encore été dressé par la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), qui intervenait lors d'une agora jeudi 22 mai organisée aux Salons de la santé et de l'autonomie. Dans sa dernière enquête emploi, finalisée en mars 2014, la Fnesi a pu constater que malgré les difficultés à trouver un premier poste en sortie d'étude, les infirmiers ne se tournaient pas forcément vers le secteur médico-social, malgré ses emplois vacants.
Après avoir analysé les données recueillies auprès de 3 200 étudiants, la Fnesi a ainsi constaté que les jeunes infirmiers souhaitent éviter certains domaines, dont celui de la psychiatrie et des Ehpad. "L'orientation en Ehpad se ferait plus par défaut", indique Alex Ollivier, vice-président de la Fnesi, en charge des affaires sociales.
Afin d'approfondir cette problématique spécifique aux Ehpad, la fédération a décidé de lancer une nouvelle enquête. Trois instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) ont pour le moment été sollicités, mais l'étude va se généraliser sur le territoire national dans les prochains mois.
Par cette nouvelle démarche, la fédération veut étudier les causes de ce manque d'attractivité et il ressort en premier lieu que certaines représentations sociales ont la vie dure. Quelle que soit l'année d'étude, l'idée selon laquelle un infirmier qui travaille en Ehpad ne pourra pas évoluer dans un autre secteur persiste. Pour Alex Ollivier, ces représentations ne sont donc pas liées au cursus scolaire, puisque le pourcentage de réponse reste le même quelque soit l'année d'étude. "Les études préparent les élèves infirmiers à la prise en charge en établissement médico-social, le problème se situe donc ailleurs que dans le contenu pédagogique", souligne-t-il.
D'autant que les trois quart des étudiants interrogés pour la seconde étude ont réalisé un stage en Ehpad et qu'ils l'ont apprécié dans son ensemble. Seule une petite minorité se dit pourtant intéressée pour travailler dans ces structures. La prise en charge et la relation avec les personnes âgées est un élément fortement apprécié lors des stages, mais les étudiants constatent aussi le peu de temps qu'ils peuvent consacrer à cette partie de leur travail. Le manque de moyens matériel est aussi pointé du doigt par les jeunes infirmiers. Enfin, ces professionnels de santé attendent de pouvoir évoluer dans leur carrière, ce qu'ils n'estiment pas pouvoir faire en Ehpad. Les étudiants notent aussi "le ras-le-bol des équipes encadrantes, submergées par leur travail, rapporte Alex Ollivier.L'Ehpad est la terre d'avenir du soin, or les étudiants infirmiers s'en désintéressent avant même d'entrer en Ifsi." L'enquête de la Fnesi va donc se poursuivre et des groupes de travail vont être mis en place, avec pour objectif notamment de vaincre ces préjugés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire