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jeudi 19 décembre 2013

L’université française, un tremplin pour l’entreprise

LE MONDE | Par 


L'UFR de sciences de l’université de Versailles-Saint-Quentin.
L'UFR de sciences de l’université de Versailles-Saint-Quentin. | C. LAUTÉ/UVSQ COMMUNICATION

L'université n'est pas une usine à chômeurs ! Il suffit pour s'en convaincre de lire la quatrième enquête annuelle sur l'insertion des étudiants diplômés de l'université en 2010, publiée par le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche mercredi 18 décembre. A partir de ces données, Le Monde a réalisé son classement des universités qui insèrent le mieux.
L'enquête porte sur les emplois occupés par les anciens étudiants, trente mois après obtention de leur diplôme. « Je préférerais vingt-quatre mois, mais on a une difficulté en France : dans certaines filières, les jeunes mettent du temps à trouver un emploi stable », indique Geneviève Fioraso, la ministre de l'enseignement supérieur.
Premier enseignement : le taux d'insertion est élevé : 90 % pour les diplômés d'un master, 91 % pour les licences professionnelles et 88 % pour les titulaires d'un diplôme universitaire de technologie. Seuls 5,5 % ont répondu à l'enquête puisque 87 % d'entre eux poursuivent leurs études en 2012.

L'université n'a donc pas à rougir. Elle a bien résisté à la crise, puisque le taux d'insertion en master n'a perdu qu'un point. Et, si les écoles d'ingénieurs et de commerce s'en tirent mieux avec 96 % et 93 % de taux d'emploi, les universités ne sont pas loin derrière. C'est devenu une vraie préoccupation. « Depuis 2007, nous avons un observatoire qui sonde nos étudiants, indique ainsi Jean-Louis Pin, vice-président chargé de l'orientation et de l'insertion professionnelle de l'université de Chambéry. Ce travail nous sert de pilotage de l'offre de formation. Et, pour les formations professionnelles, nous sommes en lien direct avec les entreprises. »
C'est un autre enseignement de cette enquête : six diplômés de l'université sur dix sont salariés dans une entreprise privée et c'est vrai pour tous les domaines d'études. « Il y a un réel décalage entre la perception de ce qu'est l'université aujourd'hui et la réalité, souligne la ministre. La formation universitaire bac + 5 est très appréciée des entreprises. » Pour trouver un travail, il faut être mobile ; l'étude montre que les jeunes le sont puisque 45 % des diplômés de masters s'insèrent en dehors de leur région d'origine, 40 % pour les licences professionnelles.
Si toutes les études prouvent qu'un diplôme est le meilleur rempart contre le chômage, les cursus les plus longs procurent un meilleur statut. De fait, les titulaires d'un master occupent à 87 % un emploi de cadre (59 % pour un DUT). De même, plus l'on est diplômé, plus le salaire est élevé. Le salaire médian net mensuel s'élève à 1 900 euros pour un master contre 1 400 euros pour un DUT.
LES MATHÉMATICIENS NETTEMENT EN TÊTE
Néanmoins, ce constat positif est à nuancer. Car les diplômés du supérieur ne sont pas tous égaux ni en matière d'emplois, ni en termes de salaires. Comme l'on pouvait s'y attendre, les plus chanceux sont les scientifiques : 91 % ont un emploi, à 94 % de cadre, rémunéré 31 100 euros bruts par an.
Parmi eux, les mathématiciens sont les rois, avec un taux d'emploi de 98 % et une rémunération brute frôlant les 33 800 euros. Une autre spécialité rémunératrice est l'informatique (taux d'emploi de 90 % et rémunération annuelle de 32 900 euros). Au sein des scientifiques, ceux qui ont suivi un cursus des sciences de l'univers ou de sciences de la vie s'en sortent un peu moins bien, avec des taux d'insertion respectifs de 85 % et 87 %, un emploi stable pour seulement 62 % d'entre eux et un salaire de 27 500 euros bruts annuels.
Les filières de droit, économie et gestion, avec 92 % d'insertion professionnelle et un salaire médian de 31 200 euros, mènent assez sûrement à un emploi, avec un peu moins de réussite pour les étudiants en sciences politiques et en administration économique et sociale, dont les premiers salaires sont un peu inférieurs, à, respectivement, 29 600 euros et 28 600 euros, l'an.
Les titulaires d'un master en sciences humaines et sociales ont un peu plus de mal à décrocher un job (88 % d'insertion, dont 85 % de niveau cadre, avec une rémunération qui chute à 26 500 euros, par an). Mais les plus mal lotis sont encore les historiens (taux d'insertion de 82 % et 53 % d'emplois stables). Les étudiants psychologues, dont la sélection est drastique avant la deuxième année de master, s'en sortent bien, parvenant à trouver un emploi dans 91 % des cas, payé 25 700 euros.
L'étude de l'Insee, Formations et emploi (édition 2013), publiée début décembre, corrobore ce constat, l'amplifiant même. L'organisme de statistiques qui examine la situation des diplômés jusqu'à onze ans après la sortie de leur cursus, observe que les inégalités se creusent au fil de la carrière. Un diplômé de physique mathématique à 3,1 % de risque de se retrouver au chômage contre 14 % pour les sociologues et les psychologues et même 16 % pour les titulaires d'un diplôme d'arts.
Malgré ces avancées, les universités ont du mal à faire passer le message. « Il perdure une vieille croyance collective depuis des dizaines d'années au sein des catégories sociales les plus privilégiées qui consiste à dire que les universités ne sont pas désirées par les bacheliers car elles ne les préparent pas au marché du travail », observe Romuald Bodin, sociologue, maître de conférence à l'université de Poitiers et coauteur (avec Sophie Orange) de L'université n'est pas en crise aux Editions du croquant (2013, 216 pages, 19 euros).
Consultez l'intégralité du classement élaboré par Le Monde :



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