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mardi 17 décembre 2013

Fin de vie : l’avis du panel de citoyens contesté sur la forme et le fond

17/12/2013


« La conférence des citoyens sur l’euthanasie est une tromperie. Qui peut croire que 18 personnes représentent la population française ? N’importe quel sondage d’opinion nécessite plusieurs centaines de participants », a réagi Philippe Juvin, médecin urgentiste,après l’avis du panel citoyen sur les questions éthiques posées par la fin de vie rendu public lundi.
L’avis du panel citoyen favorable au suicide médicalement assisté et à une exception d’euthanasie a suscité de nombreuses réactions, donc celle du député UMP qui accuse par ailleurs le gouvernement d’avoir voulu reprendre la main après le rapport du Pr Didier Sicard défavorable à l’euthanasie en « confisquant le débat et en confiant à 18 personnes sans légitimité le droit de dire une vérité qui sera présentée comme la volonté des Français ». Et de s’interroger : « Comment ont été choisies ces 18 personnes ? Par qui ? Comment ont-elles travaillé ? Qui ont-elles rencontré ? »

Comme l’IFOP l’a rappelé lors de la conférence de presse mis en ligne sur le site du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), le panel constitué de 18 personnes « ne prétend pas à la représentativité compte tenu de sa taille », mais à « refléter au mieux la diversité de la population française et à illustrer la variété des points de vue ».

Une démarche inscrite dans la loi

« C’est la transposition à un niveau collectif d’un des principes fondamentaux de l’éthique biomédicale qui est le choix libre et informée des citoyens choisis dans leur diversité qui s’informent, dialoguent, réfléchissent et élaborent un avis », s’est aussi défendu le Pr Jean-Claude Ameisen, interrogé sur France-Inter. Il a rappelé qu’une telle initiative est inscrite dans la loi de bioéthique de 2011.
Ce que reconnaît Jean Leonetti, qui se félicite que cette démarche de panel citoyen ait été utilisée même s’il regrette, c’est que « faute de moyens et de temps cette procédure se soit limitée à l’avis de 18 personnes sur une période de quelques semaines ».
Ses interrogations portent plus sur le fond. Il approuve certaines conclusions du panel de citoyens notamment sur la méconnaissance actuelle de la loi et l’insuffisance des moyens en terme de soins palliatifs,« alors qu’aucun plan de soins palliatifs n’a pris la relève de celui qui a pris fin en 2012 ». De même, Jean Leonetti rappelle que comme le proposent le rapport Sicard et le Comité consultatif national d’éthique, l’avis du panel « écarte l’autorisation d’euthanasie » et « limite cette possibilité à une exception concernant les personnes incapables d’exprimer leur volonté en fin de vie ». Mais il rappelle que « la loi actuelle permet déjà dans ces cas l’interruption des traitements de survie, associée à une sédation terminale, évitant ainsi l’acharnement thérapeutique dans une procédure très encadrée ».

« Il est important de poursuivre la réflexion »

Jean Leonetti note que le panel de citoyens reprend les propositions qu’il avait faites dans une proposition de loi concernant la sédation terminale et les directives anticipées. En revanche, il conteste la possibilité du suicide médicalement assisté car, dit-il, dans le cadre où il est préconisé« l’assistance médicale (n’est pas) nécessaire car elle se limite à la prescription d’un produit létal ».
Surtout, Jean Leonetti s’oppose à ce qu’il appelle un « droit à la mort » qui, selon lui, « constitue une rupture de solidarité d’une société vis-à-vis des plus faibles ». De plus, insiste-t-il, « la vraie question non résolue par le panel citoyen est de savoir avec précision qui peut bénéficier de ce "droit à la mort" : les personnes en phase terminale ? Les personnes handicapées ? Ou plus largement les personnes jugeant que leur souffrance physique ou morale n’est pas supportable ? ».
Pour Jean Leonetti, il est important de « poursuivre la réflexion et d’ouvrir un plus large débat citoyen sur ce sujet complexe et douloureux ».
› Dr LYDIA ARCHIMÈDE

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