La révélation de textes antisémites disséminés dans le "Journal de pensée" d'Heidegger (les Cahiers noirs, Schwartze Hefte, en cours d'édition dans la maison qui publie la Gesamtausgabe, Vittorio Klostermann) continue à produire sa prévisible onde de choc. C'est au tour de la presse allemande d'entrer dans la danse en reprennant les éléments d'un scandale d'abord parisien, tout en apportant quelques informations supplémentaires. Dans un article paru dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung (14/12/2013) et intitulé "Debakel für Frankreichs Philosophie", Jürg Altwegg, fin observateur de la scène intellectuelle hexagonale, ironise sur les événements de ces derniers jours. Il se demande carrément si la philosophie contemporaine française, dont les grandes gloires, Jacques Derrida notamment, ne sont à en croire le mot mordant de George Steiner que des "notes de bas de page" d'Heidegger, pourra se relever de ces révélations, elle dont les tenants ont tout fait pour exonérer l'auteur d'Être et temps du pire, en l’occurrence l'antisémitisme s'exprimant en plein régime hitlérien.
L'Heideggerrei (la passion pour Heidegger) a toujours étonné ou choqué les plus importants penseurs allemands de l'après guerre, à commencer par Adorno. Pour beaucoup d'entre eux, le cas était réglé, et il était difficile de faire carrière en philosophie avec Heidegger, au rebours de la France.
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