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jeudi 19 décembre 2013

Des patients en état végétatif réagissent aux photos de famille

18/12/2013


Venir auprès d’un patient dans le coma pour lui apporter du réconfort et de l’amour n’est pas inutile. Cette question depuis longtemps débattue a été documentée de façon objective par des chercheurs à l’aide de l’imagerie parIRM fonctionnelle, qui évoquent l’existence d’un état d’« éveil émotionnel » chez certains patients.
Les patients en état végétatif semblent parfois être en état de vigilance relative, lorsqu’ils respirent spontanément et oscillent entre un profond sommeil et un état proche du réveil. Mais ils ne répondent pas à ce qui se passe autour d’eux et ne manifestent aucun signe de conscience. Et la communication est impossible.

Des photos de personnes connues et inconnues

Les amis et la famille se demandent si le patient sait même qu’ils sont là.
Une question à laquelle on peut apporter une réponse positive, tout au moins chez certains sujets.
Les Drs Haggai Sharon et Yotam Pasternak (Université de Tel Aviv) montrent que le cerveau des patients en état végétatif est susceptible de réactions émotionnelles en réponse à des photographies de personnes qu’ils ont connues personnellement, comme s’ils les reconnaissaient.
« Nous montrons que des patients en état végétatif peuvent réagir distinctement à différents stimuli de leur environnement, en fonction de leur valeur émotionnelle », expliquent ces auteurs. « Ce n’est pas un effet générique, c’est personnel et autobiographique. Nous allons chercher l’individu, la personne, qui réside à l’intérieur du patient », expliquent-ils.
Ces résultats, publiés dans PLoS ONE approfondissent notre compréhension de l’état végétatif. Ils peuvent offrir des ouvertures pour des voies de recherche ou de nouveaux types de soins.

Répondre par oui ou par non

Pendant très longtemps, on a considéré que les patients en état végétatif n’avaient aucune conscience d’eux-mêmes ni de leur environnement. Au cours des dernières années, l’IRM fonctionnelle a été utilisée pour explorer les réactions cérébrales de tels patients. Il a été montré que certains d’entre eux peuvent effectuer des tâches cognitives complexes sur commande. Par exemple, imaginer s’adonner à une activité physique telle que le tennis ; ou parfois même répondre par oui ou par non à des questions.
« Mais ces cas sont rares. Et ils n’indiquent pas que le patient a des perceptions émotionnelles lorsqu’il est en état végétatif. »
Les chercheurs ont étudié 4 patients en état végétatif depuis moins d’un mois (état persistant) ou depuis plus de 3 mois (permanent). Ils ont présenté à ces sujets des photographies de personnes qu’ils connaissent personnellement ou non. Et ils ont jaugé les réactions émotionnelles en mesurant par IRMf en temps réel le flux sanguins dans des zones cérébrales impliquées dans les émotions.
Les résultats montrent une activation chez tous les patients d’une région impliquée dans la reconnaissance faciale, indiquant que ces sujets avaient correctement identifié être face à des visages.

Enregistrer et cataloguer les informations

Mais en réponse à des photos de membres de la famille ou d’amis proches, les régions cérébrales impliquées dans le traitement des émotions et celles s’occupant du traitement des informations autobiographiques ont été aussi activées. « En d’autres termes, les patients en coma végétatif ont réagi émotionnellement comme s’ils reconnaissaient les visages présentés. »
Les résultats suggèrent donc que les patients en état végétatif peuvent enregistrer et cataloguer des informations visuelles complexes, et les connecter à leur mémoire. Une observation novatrice, soulignent Sharon et Pasternak.
Quand on leur a demandé verbalement d’imaginer le visage de leur mère, on a constaté des réactions allant dans le même sens. Un patient a présenté une activité cérébrale complexe avec une activation identique à des sujets non malades.
Les chercheurs parlent d’état d’« éveil émotionnel » qui peut exister chez certains patients dans un coma végétatif. Ils espèrent que leur travail va en inciter d’autres, pour savoir mieux interagir avec des patients. Et que cela va donner lieu à une meilleure prise en charge des patients.
› Dr BÉATRICE VUAILLE

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