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mardi 9 avril 2013

Oui, les malades psychiatriques peuvent perdre du poids !
Publié le 05/04/2013

Les malades atteints de troubles psychiatriques sévères sont sujets à la prise de poids du fait de la maladie elle-même, de ses conséquences sociales et des traitements neuroleptiques pris au long cours. La majorité des essais cliniques testant l’effet d’une prise en charge hygiéno-diététique chez des sujets obèses exclut la population atteinte de psychose et/ou de dépression majeure. Et on ignore si cette population répond favorablement à une prise en charge nutritionnelle personnalisée.
Pour lever le doute, des sujets en surpoids ou obèses atteints de schizophrénie, de maladie bipolaire ou de dépression majeure ont été inclus et randomisés en deux groupes : le « groupe intervention », bénéficiant d’une prise en charge hygiéno-diététique sous forme de consultations individuelles et d’ateliers collectifs et le « groupe témoin », soumis à un suivi « usuel ». Seuls ont été exclus les patients ayant une contre-indication à la perte de poids, ceux ayant une addiction à l’alcool et les sujets ayant un antécédent cardiovasculaire récent ou incapables de marcher.

Les objectifs de l’intervention étaient de réduire l’apport calorique par la diminution des aliments sucrés, de consommer cinq fruits et légumes par jour, de réduire la quantité et d’améliorer la qualité des  « en-cas » et de pratiquer des exercices d’endurance d’intensité modérée.
Les données après 18 mois de suivi ont pu être recueillies chez 279 des 291 sujets randomisés (âge moyen : 45 ans, 50 % d’hommes, 80 % en incapacité de travail).  Par rapport au groupe témoin, les volontaires ayant bénéficié de l’intervention avaient perdu davantage de poids à 6 mois (-0,3 kg vs -1,8 kg) et à 18 mois (-0,2 kg vs -3,4 kg). Ces différences se traduisent, à 18 mois, par une perte de 3,4 % du poids attribuable à l’intervention nutritionnelle. Parmi les patients du groupe témoin, 22,7 % ont perdu plus de 5 % de leur poids contre 37,8 % chez les volontaires du groupe intervention.
L’évolution pondérale à 18 mois est similaire à celle qui est observée dans les études chez des volontaires obèses indemnes de maladie psychiatrique. Toutefois, la perte de poids attribuable à la prise en charge nutritionnelle a été lente et s’est poursuivie jusqu’à la fin de l’étude. Cela contraste à ce qui est généralement observé dans les essais excluant les malades psychiatriques où le poids minimum est atteint vers 6 mois et remonte par la suite.  Cette différence peut être due à un retard de l’efficacité de la prise en charge, chez les patients psychiatriques, en raison d’une plus grande difficulté initiale à appliquer les recommandations en diététique et en activité physique.
Cette étude montre donc qu’il est possible d’obtenir chez des patients atteints de maladie psychiatrique une perte de poids significative. Même si celle-ci paraît faible, il est montré qu’elle suffit à réduire de manière substantielle les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires qui sont la première cause de mortalité des patients sous neuroleptiques.

Dr Boris Hansel

Daumit GL et coll. : A Behavioral Weight-Loss Intervention in Persons with Serious Mental Illness. N Engl J Med. 2013; publication avancée en ligne le 21 mars. DOI: 10.1056/NEJMoa1214530





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