"Voyage en terres bipolaires : manie et dépression dans la culture américaine" de Emily Martin chez Rue d'Ulm (Paris, France)
Créé le 04/04/2013
Résumé
Comment vivent les Américains décrits comme maniaco-dépressifs ? Ce livre explore leur expérience quotidienne à travers une enquête ethnographique auprès de groupes de soutien, de groupes de travail en psychiatrie et de salariés du marketing pharmaceutique. Il s'appuie sur la propre expérience de l'auteur avec les troubles bipolaires et ouvre une réflexion sur la place de la manie et de la dépression dans la culture américaine.
Cette recherche fascinante et parfois dérangeante permet au lecteur de découvrir l'univers des troubles bipolaires tout en posant des questions fondamentales sur la dimension culturelle de l'irrationalité. Que signifie perdre le statut de personne ? Peut-on être parfois rationnel et parfois irrationnel ? Pourquoi certaines personnalités maniaques réussissent-elles socialement tandis que d'autres, la majorité, perdent leur emploi, leur famille et leurs amis ? Quel est le statut des médicaments, pour ceux qui les produisent et pour ceux qui les utilisent ? Le rapport profondément ambivalent de la culture américaine avec la manie, valorisée notamment dans les entreprises, et la dépression, son double inversé, entraîne le lecteur dans une réflexion sur les transformations les plus récentes du capitalisme à partir d'un angle original : l'optimisation de nos états mentaux et de nos émotions.
Emily Martin est professeur d'anthropologie sociale à New York University. Spécialiste de la Chine puis d'anthropologie des sciences, c'est son premier ouvrage traduit en français. Elle a notamment publié Flexible Bodies : Tracking Immunity in American Culture from the Days of Polio to the Age of AIDS et The Woman in the Body : A Cultural Analysis of Reproduction.
Anne M. Lovell, anthropologue, directrice de recherches à l'INSERM (CERMES 3), travaille sur la santé mentale et la psychiatrie, en Europe et aux États-Unis. Elle a notamment dirigé, avec Alain Ehrenberg, l'ouvrage La Maladie mentale en mutation. Psychiatrie et société (Odile Jacob, 2001).
Lancée en 2013 avec ce livre, la collection «Sciences sociales», dirigée par Florence Weber, explore les liens entre la sociologie, l'anthropologie, l'histoire, à travers des ouvrages pionniers en termes de méthode ou d'objets, qui permettent de comprendre les transformations des sociétés au-delà des partages traditionnels entre périodes historiques et aires culturelles.
La revue de presse : Frédéric Keck - Le Monde du 24 janvier 2013
A l'originalité de cette recherche, il faut ajouter l'écriture de l'anthropologue, puissante et sensible, attentive à des vies mentales singulières. Souvent critique envers sa propre culture, elle progresse selon des variations d'humeur admirablement maîtrisées.
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