Maladie mentale et fécondité : y a-t-il « pression de sélection » ?
Publié le 02/04/2013 |
D’un point de vue évolutionniste, puisque les maladies mentales ne confèrent a priori aucun avantage adaptatif aux intéressés, les facteurs de susceptibilité génétique pour ces affections devraient se tarir au fil des générations, sauf si d’autres mécanismes contrecarrent cette évolution. Mais on ignore comment ces prédispositions génétiques aux maladies mentales se maintiennent au cours du temps dans la population, malgré une « pression de sélection négative » à leur égard.
Fruit d’une collaboration britannique et suédoise, une vaste étude épidémiologique [1] évalue « l’aptitude à la reproduction de sujets avec schizophrénie, autisme, troubles bipolaires, anorexie mentale, ou addiction », cette fécondité des patients étant comparée à celle de leurs fratries non affectées par ces mêmes problématiques. Excepté pour les femmes déprimées, on constate que le fait d’être concerné par l’un de ces diagnostics psychiatriques s’accompagne d’une « baisse significative » de la fécondité (Intervalle de Confiance à 95% [0,23–0,93], p< 10-10), cette réduction se révélant « toujours plus marquée chez les hommes que chez les femmes », ce qui pourrait suggérer une « sensibilité masculine particulière » (en matière de vulnérabilité génétique aux maladies mentales).
Les sœurs des patients schizophrènes ou bipolaires ont une fécondité plus élevée que la moyenne ([1,2–1,3], p<0 10-10="" accroissement="" atteints="" au="" augmentation="" autistes="" baisse="" cet="" cette="" chez="" compenser="" condit="" constat="" contraire="" d="" de="" des="" duite="" e="" est="" et="" eux-m="" f="" faible="" faiblement="" fait="" fr="" fratries="" int="" la="" les="" mais="" mes.="" nbsp="" nes="" observ="" ou="" p="" patients="" pour="" pression="" prim="" r="" res="" ress="" s="" schizophr="" significative="" span="" sujets="" toxicomanie="" trop="" une="" urs="">plus que compenser la baisse de fécondité des individus concernés. »0>
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Les auteurs estiment qu’une « forte pression de sélection » existe contre toutes ces maladies mentales, sauf pour le trouble bipolaire qui ne « paraît pas concerné par une forte pression de sélection négative. » Quoi qu’il en soit, puisque la fréquence de ces troubles psychiatriques ne diminue pas au cours du temps, malgré la fécondité amoindrie des malades mentaux, c’est que d’autres facteurs tendent à compenser probablement cette raréfaction des gènes de prédisposition, comme des mutations inopinées ou d’autres « mécanismes encore inconnus. »
[1] Étude de cohorte sur les 2,35. 106 naissances enregistrées en Suède, entre 1950 et 1970.
Dr Alain Cohen
Power RA et coll.: Fecundity of patients with schizophrenia, autism, bipolar disorder, depression, anorexia nervosa, or substance abuse vs their unaffected siblings. JAMA Psychiatry 2013; 70: 22–30.
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