Santé mentale : le DSM-5 a-t-il un problème de belles-mères ?
La cinquième mouture du manuel de référence par excellence en psychiatrie (au moins en Amérique), le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, ou DSM-5 pour les intimes, n’est pas encore publiée qu’elle figure déjà parmi les travaux scientifiques les plus controversés des dernières années. Ce n’est sans doute pas anormal pour un ouvrage qui ratisse aussi large que ce manuel, où sont consignés les critères pour diagnostiquer toutes les maladies mentales, mais pour un livre sensé se baser sur des connaissances scientifiques bien établies (ce qui implique un certain degré de consensus), une contestation aussi soutenue peut finir par être gênante.
La polémique a déjà eu raison d’un grand pan du DSM-5, qui entendait refondre l’actuelle (et clairement déficiente) classification des troubles de la personnalité. La réforme a été complètement abandonnée l’automne dernier. Un autre changement a fait les manchettes ces derniers mois, soit l’idée (a priori saugrenue, avouons-le) de ne plus exclure d’office le deuil de la définition de «dépression majeure». Bien des voix, et non les moindres, se sont élevées pour dénoncer ce qu’elles considèrent être le signe d’une médicalisation abusive d’un phénomène tout à fait normal — réplique du DSM-5 ici. Et c’est sur ce même clou que frappe inlassablement le psychiatre émérite de l’Université Duke Allen Frances, qui avait lui-même dirigé les travaux du DSM-4 il y a une vingtaine d’années.
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