Publié le 08/04/2013
Au cours de la dernière décennie, plusieurs études épidémiologiques ont mis en évidence une relation positive entre l’âge du père au moment de la naissance et le risque d’autisme. Une méta-analyse récente a estimé que la probabilité d’avoir un enfant autiste est 2,2 fois plus élevée pour les pères de plus de 50 ans que pour ceux de moins de 30 ans.
Le mécanisme généralement évoqué pour expliquer ce phénomène est l’augmentation avec l’âge de la fréquence des mutations de novo dans les cellules germinales masculines.
Une équipe suédoise a voulu aller plus loin en étudiant les relations entre l’âge des parents et l’autisme non plus seulement sur une mais sur deux générations.
Une cohorte de près de 6 000 enfants autistes
Pour ce travail, Emma Frans et coll. se sont servis des outils épidémiologiques d’une qualité et d’une exhaustivité exceptionnelle dont dispose la Suède, pays où les registres d’états civils depuis 1932 peuvent être croisés avec ceux incluant presque tous les patients depuis 1973.
Il leur a été ainsi possible d’isoler une cohorte de 5 936 enfants autistes pour lesquels on disposait de l’âge des parents lors de leur naissance et de celui des grands-parents lors de la naissance de leurs parents. Les données démographiques de ces sujets ont été comparées à celles de 30 923 témoins non autistes.
Ce travail a d’abord permis de confirmer la relation linéaire entre âge du père et risque d’autisme (probabilité multipliée par 2,26 après 50 ans). En revanche, l’âge de la mère à la naissance de son enfant ne semble pas influencer ce risque, tout au moins jusqu’à 40 ans.
Une prédisposition qui saute les générations ?
Surtout cette étude a révélé une relation statistiquement significative entre un âge élevé du grand-père (lors de la naissance d’un des parents) et la probabilité d’autisme chez son petit fils ou sa petite fille.
Cette relation a résisté à divers ajustements (par l’année de naissance, le sexe de l’enfant, l’âge de l’épouse, les antécédents familiaux d’affections psychiatriques, le niveau d’éducation de la famille et le lieu de résidence). Au total, pour un homme, le risque ajusté d’avoir un petit-enfant autiste est multiplié par 1,79 s’il avait plus de 50 ans lors de la naissance de la mère (sa fille) de celui-ci (intervalle de confiance à 95 % [IC95] entre 1,35 et 2,37 ; p<0 -c="" 1="" 20="" 24="" 50="" a="" ans="" apr="" au="" aucune="" autistique="" avait="" avec="" cas="" ce="" celui-ci="" comparaison="" dans="" de="" des="" deux="" deuxi="" dire="" du="" enfant="" enfants="" entre="" est-="" est="" et="" faite="" fils-="" font="" g="" ge="" grand-m="" hommes="" il="" l="" la="" les="" leur="" leurs="" major="" me="" moment="" n="" naissance="" noter="" p="" par="" plus="" pu="" qu="" ration.="" re="" relation="" res="" risque="" s="" son="" spectre="" tablie="" tant="" tre="" troubles="">0>
Comment interpréter ces résultats surprenants ?
Compte tenu du fait qu’il s’agit d’une étude cas-témoins, certains estimeront peut-être que, malgré les ajustements réalisés, une explication non génétique à ce phénomène demeure possible, l’âge des grands-pères lors de la conception des parents d’un sujet pouvant influencer les relations intrafamiliales sur plusieurs générations. Cette hypothèse est cependant peut vraisemblable si l’on se souvient que l’âge des grands-mères n’a aucune incidence sur le risque d’autisme.
Cette interprétation environnementale étant écartée, il reste le mécanisme génétique : une mutation de novo spécifique survenant dans les cellules germinales masculines favorisée par l’âge du père pourrait, soit entrainer directement une pathologie autistique dans la descendance (expliquant la corrélation positive entre l’âge du père et l’autisme), soit transmettre à la moitié de cette descendance une prédisposition à l’autisme qui ne s’exprimera qu’associée à une autre mutation… ou une prédisposition aux mutations germinales de novo qui pourrait expliquer une majoration de la probabilité d’autisme à la seconde génération…
Quoi qu’il en soit, on pressent que cette découverte épidémiologique pourrait à terme permettre de mieux comprendre la physiopathologie de l’autisme et mettre au jour des cibles pour d’éventuels traitements.
Dr Anastasia Roublev
Frans E et coll.: Autism risk across generations: a population-based study of advancing grandpaternal and paternal age. JAMA Psychiatry 2013; publication avancée en ligne le 20 mars 2013(doi:10.1001/jamapsychiatry.2013.1180).
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