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dimanche 28 avril 2013

Les joueurs pathologiques souffrent d’un biais d’optimisme

Pourquoi les joueurs pathologiques persistent-ils à miser en dépit de pertes financières importantes ? La question n’est pas neuve et a été étudiée dans le champ de l’économie expérimentale pour expliquer pourquoi les individus se comportaient à l’encontre d’une maximisation de leurs intérêts. Des travaux pionniers à la fin des années 1970 avaient montré que face aux situations probabilistes comportant des risques ou des incertitudes, les individus avaient tendance à surestimer les faibles probabilités et à sous-estimer les plus élevées (biais de distorsion des probabilités). On sait aussi que l’aptitude à raisonner en termes probabilistes n’apparaît qu’à un stade avancé du développement intellectuel humain (la notion même de probabilité n’est saisie qu’à partir de l’âge de 11 ou 12 ans).
Représentation subjective des probabilités
Dans l’étude qu’ils ont menée au Centre de neurosciences cognitives de Lyon (CNRS/Université Claude-Bernard), Jean-Claude Dreher et coll. montrent qu’il existe bien une altération du raisonnement probabiliste mais que l’attraction irrépressible pour les jeux d’argent ne s’explique pas par une distorsion exagérée des probabilités mais par « un biais d’optimisme augmenté ». Autrement dit, « quelle que soit la probabilité objective de gagner sur un pari risqué, les joueurs ont tendance à agir comme si cette probabilité était supérieure à ce qu’elle est réellement ». Les résultats publiés dans la revue « Psychological medicine » montrent également que l’intensité de ce biais est significativement corrélée à la sévérité des symptômes.

Un outil pour les psychiatres ?

Les auteurs ont inclus 18 joueurs pathologiques et 20 contrôles, tous des hommes ne souffrant pas de troubles neurologiques. L’épreuve consistait à réaliser une succession de tâches dans laquelle les joueurs devaient faire le choix entre un gain modéré mais sûr et un gain plus important mais risqué. La simplicité de la procédure employée représente, selon les auteurs, un avantage pour les psychiatres cliniciens qui pourront y trouver « un moyen rapide et fiable de mesurer les représentations des probabilités, ce qui pourrait leur permettre d’affiner à la fois leur diagnostic et leurs choix thérapeutiques ».
Le jeu pathologique est aujourd’hui – notamment avec le développement des jeux en ligne – une maladie psychiatrique de plus en plus répandue (1 à 2 % de la population aux États-Unis). Ses conséquences financières, professionnelles ou familiales peuvent être dramatiques pour les patients et leur entourage. Les mécanismes responsables de son apparition sont en voie d’exploration et sont encore mal connus, ce qui limite la prise en charge.
› Dr LYDIA ARCHIMÈDE
 24/04/2013

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