"Manier le marteau-piqueur, participer à toutes les tâches du chantier... Je suis assez excité, confirme Thomas Dinard, étudiant en première année qui fera son stage chez Evin Construction en juillet. En fait, on attend tous ce stage avec impatience."
L'idée est de leur faire découvrir le fonctionnement d'une entreprise : les contraintes hiérarchiques, les exigences de résultats, de sécurité..."On leur demande d'acquérir le vécu d'un ouvrier. Et, à partir de là, on veut un retour d'expérience, mais ils doivent aussi savoir se mettre dans la peau d'un futur manager", ajoute Nicolas Bazin.
ACQUÉRIR DE L'HUMILITÉ
Les connaissances, Mathias Rabourdin les a. Il a passé trois années en classes prépa maths, option physique-chimie, au lycée Faidherbe, à Lille. Pour son stage, il a choisi une PME du bâtiment de 25 salariés, Renobat Construction, parce qu'il aimerait bien, à l'issue de ses études, créer sa propre entreprise.
Le jeune homme a intégré une équipe de carreleurs. Objectif : rénover les 80 m2 d'une habitation. "Dès le premier jour, on m'a mis un marteau-piqueur dans les mains. J'ai dû démolir le carrelage et la chape de béton. Le soir, j'étais mort de fatigue mais content !", raconte-t-il. A ce rythme, ses journées se sont rapidement résumées à "boulot, repos, dodo".
Acquérir de l'humilité face au monde ouvrier qu'ils ne connaissent pas, pour la plupart, fait aussi partie des objectifs. "Nous voulons qu'ils soient des managers responsables et leur montrer qu'un ouvrier exerce un métier pénible doit pouvoir les conduire à acquérir cette qualité",indique Nicolas Bazin.
"TRÈS PHYSIQUE"
De fait, Mathias a compris aussi que manier un marteau-piqueur pendant cinq heures, ce n'était pas possible. "On a beaucoup plus d'empathie vis-à-vis des ouvriers après les avoir côtoyés pendant plusieurs semaines." Il se souvient d'une ambiance plutôt conviviale où les barrières sont vite tombées. "On est testé dès le premier jour. Il vaut mieux montrer que l'on est motivé", affirme Mathias. Quelques railleries de temps en temps sur son statut d'étudiant ingénieur. "Mais réfléchis ! C'est toi l'ingénieur, pas moi", lui ont parfois lancé ses camarades de chantier.
Des petites blagues, des taquineries, Marianne Lemonnier en a essuyé aussi, mais "c'était plutôt bon enfant". Cette étudiante de 19 ans en deuxième année – il y a 24 % de filles à l'ESITC Caen – a choisi d'effectuer son stage chez Eiffage Construction à Cherbourg (Manche). Une fois son cursus d'ingénieur terminé, elle veut commencer des études d'architecte. "J'ai coulé du béton, coffré, décoffré. C'était très physique, se souvient-elle. J'ai vraiment découvert la pénibilité du travail sur un chantier. C'est quelque chose que les ingénieurs doivent savoir prendre en compte lorsqu'ils conduisent des travaux." De cette expérience, elle garde aussi le souvenir d'une grande famille très"solidaire" et très "liée".
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