De l’hospitalité en psychiatrie
14 avril 2013
Plus de 1 000 personnes étaient présentes l’an passé au meeting du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire à Montreuil. Depuis un an, une période politique s’est close avec le départ de Nicolas Sarkozy. Il s’était illustré en 2008 avec un discours criminalisant les malades mentaux, un budget inaugurant un nouvel enfermement et des mesures répressives contenues dans la loi du 5 juillet 2011. Cette loi indigne, combattue par «les 39» et l’ensemble des syndicats, de nombreux patients et parents, a introduit la pratique de soins sans consentement au domicile du patient, pervertissant la notion même de relation soignante basée sur la confiance. Les familles sont placées dans une position intenable, le foyer servant de lieu de soins à la place de l’hôpital. Six mille citoyens (professionnels, parents, patients) viennent de signer un nouvel appel du Collectif des 39 :
- Pour la suppression (et non l’adaptation) des dispositions liberticides de la loi du 5 juillet 2011.
- Pour redonner à la psychiatrie comme mission essentielle de soigner des personnes en souffrance et non d’éradiquer des symptômes, ni de normaliser des populations.
- Pour la mise en chantier d’une ambitieuse loi-cadre prévoyant notamment une formation spécifique à tous les métiers de la psychiatrie, des moyens humains suffisants en qualification et en nombre, une réforme de l’évaluation en fonction de critères issus de la clinique et non de l’entreprise.
Le changement en psychiatrie nécessite que soit d’abord abrogée cette loi. Mais les ambitions du Collectif des 39 vont au-delà : nous voulons fédérer tous ceux qui veulent participer à une refondation de la psychiatrie car depuis des années, une succession de lois a attaqué la possibilité du soin psychique, aussi bien en psychiatrie que dans le médico-social. La prise en charge relationnelle singulière est remise en cause au profit d’un formatage imposé par l’obligation de se plier à des protocoles élaborés par les «experts» de la Haute Autorité de santé (HAS). Ceux qui subissent leur maladie doivent aussi supporter la privation de leurs droits fondamentaux et la réalité d’une ségrégation sociale. Des témoignages révoltants de cette dégradation nous arrivent de toutes parts. Pourtant d’autres pratiques existent, elles se réclament de la psychothérapie institutionnelle, du désaliénisme, de la psychanalyse, d’une conception humaine de la relation. La refondation de la psychiatrie ne peut venir des «experts» de la HAS, mais d’une prise de parole de tous ceux qui se sentent concernés, mais aussi des artistes et créateurs qui se sont engagés avec nous, et de tous les citoyens qui ne peuvent supporter des lois bafouant les droits de ceux qui mériteraient au contraire la protection de la Cité. Le Collectif des 39, en partenariat avec les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active, appelle à la tenue «d’assises citoyennes pour l’hospitalité en psychiatrie et le médico-social», les 31 mai et 1er juin à Villejuif. Ces assises seront basées sur les témoignages et les expériences de terrain qui seront les éléments constitutifs de propositions concrètes.
Parmi les signataires : Hervé Bokobza, Mathieu Bellahsen, Marie Cathelineau, Patrick Chemla, Dominique Damour, Yves Gigou, Serge Klopp, Paul Machto, Sylvie Prieur…
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