La génération des 11-15 ans à la loupe
LE MONDE |
Peu stressé par l'école, globalement en bonne santé bien qu'en manque de sommeil, accro aux écrans (ceci expliquant cela), soucieux de son poids... Tel est le portrait de l'ado français d'aujourd'hui, tel que le dessine une enquête menée par un réseau international de chercheurs sous l'égide du bureau régional Europe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et publiée le 4 septembre par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes).
Fondée, pour son volet français, sur les déclarations de 11 638 élèves âgés de 11 à 15 ans, scolarisés du CM2 à la seconde, cette étude, intitulée "La santé des adolescents à la loupe", menée au printemps 2010 et conduite tous les quatre ans dans une quarantaine de pays ou régions (depuis 1994 en France), permet de suivre l'évolution des comportements des jeunes à l'adolescence et d'adapter les politiques de santé les concernant.
Confrontés à de purs représentants de la génération dite "digital native", grandis le pouce sur un écran, les chercheurs ont tenté de mesurer les effets de cet envahissement par le numérique.
L'usage quotidien du téléphone mobile et de l'ordinateur par les adolescents a fortement augmenté en quatre ans, pour atteindre 68 % des filles de 15 ans et la moitié des garçons du même âge. Plus de 90 % des ados déclarent consacrer aux écrans plus de deux heures par jour, ce qui a pour conséquence une réduction du temps passé avec les copains, surtout le soir. Leurs nuits sont écourtées : les jeunes ayant l'habitude de regarder la télévision ou de surfer sur le Web le soir ont un retard de sommeil de 30 à 45 minutes en moyenne sur leurs camarades.
Au cours des années collège, le temps de sommeil diminue de 20 minutes chaque année, passant de 9 heures 10 en moyenne en sixième à 8 heures 08 en troisième. Un jeune sur cinq dort moins de 7 heures par nuit, ce qui est insuffisant. Un tiers des adolescents déclarent connaître des difficultés à s'endormir, chiffre en hausse par rapport à 2006. Bien qu'ils s'estiment majoritairement en bonne santé (à 88 %), cette perception se dégrade nettement entre la sixième et la troisième. Près de 20 % des jeunes filles et 11 % des garçons avouent être sujets à la déprime. La France fait partie des pays où ce taux est le plus élevé. S'agissant de la sexualité, aucune évolution marquante : 18 % des jeunes de quatrième et troisième déclarent avoir déjà eu un rapport sexuel, comme en 2006.
REGARD SUR SOI
Globalement heureux en classe dans leurs jeunes années, les adolescents se montrent moins enthousiastes à la sortie du collège, où il n'y a plus que 54 % des garçons à 64 % des filles à déclarer "aimer l'école". Cela mériterait "une réflexion approfondie", souligne le rapport. Les collégiens français sont cependant moins stressés par le travail scolaire que leurs camarades étrangers.
Les années collège sont celles de la découverte de la cigarette et de l'alcool : un élève sur six fume quotidiennement en troisième. La consommation de tabac par les jeunes a augmenté entre 2006 et 2010. Un collégien sur dix a déjà fumé du cannabis, ce qui place la France parmi les pays les plus consommateurs. Quant à l'alcool, il connaît une progression importante entre la sixième et la troisième, un élève sur six reconnaissant même avoir déjà été ivre.
Par rapport à leurs camarades étrangers, les adolescents français se nourrissent plutôt bien : les recommandations sur la consommation de fruits et légumes semblent être entendues. Attentifs à leur image, un tiers des jeunes font un régime ou envisagent de maigrir. Cette préoccupation concerne surtout les filles, même celles qui présentent des mensurations "normales" (un tiers de ces dernières se jugent "trop grosses"). Le regard sur soi s'altère avec l'âge, les élèves de troisième se montrant plus insatisfaits qu'à leur entrée au collège. Le réel surpoids concerne un enfant sur dix, ce qui, selon l'enquête, place la France parmi les pays où l'obésité infantile est la plus faible.
Sylvie Kerviel
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